Dans son premier ouvrage, Hervé Madaya peint la
société camerounaise sous le prisme d'une relation entre une pauvre et
un riche étranger.
A ceux qui l'ont déjà rencontré dans les couloirs des cercles littéraires de Yaoundé qu'il fréquente assidûment, il n'a sans doute pas échappé que ce jeune écrivain avait par-dessus tout une passion pour l'écriture. Une passion qui a trouvé en une figure comme Calixte Beyala un tuteur à qui il fallait un jour ressembler. Lui dont les manuscrits sont loin d'avoir connu le sort d'être publié et qui doivent piaffer d'impatience dans les tiroirs où leur auteur les a cachés, lui qui écrit sans relâche depuis des années.
A ceux qui avaient eu l'occasion de parcourir "Le vengeur", ce collectif fruit d'un atelier d'écriture sur la nouvelle animé par le regretté Séverin Cécile Abega en octobre 2004, qui parût au premier trimestre de 2005, il n'avait aussi pas échappé le talent en friche de Hervé Madaya. Qui y avait consacré deux nouvelles qui frappèrent les esprits par leurs petites longueurs sans pour autant manquer de profondeur et de densité. Depuis lors, les lecteurs avaient guetté la prochaine livraison avec une certaine lassitude, espérant qu'elle confirmerait l'allant et un style pour le moins iconoclaste pour ce qui est de l'écriture de la nouvelle.
Avec ce vrai premier ouvrage, le jeune auteur semble être allé au-delà de ces espérances-là. Tant il a mis un point d'honneur dans ce livre à faire une description que les nouvelles de Le vengeur n'avaient pas laissé entrevoir. Faisant d'une banale histoire d'amour entre une jeune Camerounaise et un expatrié ouest-africain en service dans son pays un sujet de fiction de qualité. Ce faisant, il recourt à une technique de narration qu'avait consacrée en son temps Séverin Cécile Abega dans des écrits comme Les bimanes ou Les femmes ne boivent pas du whisky. Au passage, on découvre une langue belle, parfois châtiée, mais toujours simple et servie par une syntaxe sobre. Pour un style tout en douceur comme si l'auteur voulait prendre son temps. Histoire de ne pas griller une histoire finalement intéressante malgré son côté difficile qui confine à la tragédie. Car le petit Saër qui donne le titre de l'ouvrage n'est pas venu au monde comme tout le monde. Il a donné le tournis à sa mère Kony avant de faire le bonheur de son père Alassane qui était en manque malgré de nombreuses aventures amoureuses. Sa parturition aura été aussi l'occasion pour l'auteur de brosser le tableau peu reluisant d'une société camerounaise qui ne fait pas de cadeaux à une jeunesse qui ne demande qu'à vivre. Une société où le fossé entre les riches et les pauvres se creuse chaque jour davantage.
A la dédicace de son 2è roman en novembre 2012. |
Parfait Tabapsi
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