Musique
Communion entre Kassey (Niger), Petit Kandia (Guinée) et Krotal (Cameroun). |
Mais avant, ils seront sans doute heureux d’avoir pu
tenir en haleine le public difficile de Yaoundé. Surtout lorsque l’on sait que
jusqu’ici, le Kolatier se tenait plutôt à Douala. Pour cette étape, le premier
challenge du SIMA aura été de mettre en valeur et en osmose les univers
musicaux de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Dans un dialogue heureux qui a
permis non seulement la découverte de riches patrimoines mélodiques et
rythmiques, mais également des artistes au talent certain. La première scène,
celle de l’IFC, aura été un véritable laboratoire de ce point de vue. Elle qui
a connu le premier soir une effervescence conduite par une Maryse Ngalula qui
sut, malgré des conditions techniques encore en rodage, donner une lecture
nouvelle du mutuashi, ce rythme du Kasaï, vaste espace culturel d’envergure
perdu au milieu des richesses minières de la RDC. Ngalula, à travers un
mutuashi plus explosif a répondu en écho à son aînée Tshala Muana. En faisant
recours dans son odyssée créatrice aux guitares blues et jazz que les amateurs
n’ont pas manqué de saluer de la plus belle des manières.
Les jours suivants, le Sénégalais Noumoucounda Cissoko,
le Guinéen Petit Kandia et bien sûr Kassey allaient rivaliser d’adresse et de
créativité pour emballer le public et donner la réplique à Ngalula, mais aussi
à Erna Chimu (Namibie) et Hope Street (Burundi). Et le Cameroun alors ?
Non seulement l’organisation lui consacra une scène entière à l’esplanade du Palais
des sports où la décoration et la qualité du son et des lumières furent
saluées, mais les sélectionnés furent à la hauteur. Si la jeune Laro parut
émoussée le premier jour à l’IFC, il y a que la suite fut plus intense.
Permettant au passage de visiter les univers rythmiques d’un pays qui ne compte
pas que des chanteurs faux. La qualité donc, il y en eût ! Au rang des
souvenirs inoubliables, Queen Etemé qui, dans un concept très acoustique donna
une leçon de chant et de choses. Il y eût également Marie Lissom, jeune louve
aux dents longues ; le Kemit 7 du pianiste et compositeur Ruben Binam, un
groupe constitué en grande ligne des grands orchestres qui firent l’honneur du
continent noir dans les trois premières décennies de son indépendance. En
voyant ces jeunes porter cette esthétique convoquant à la fois les rythmes du
terroir et ceux de la diaspora noire des Caraïbes (panafrican groove
disent-ils), il est rapidement apparu que ce groupe de seulement deux ans d’âge
avait de beaux jours devant lui.
Les autres ambassadeurs du Cameroun, exceptés le groupe
Mballe Mballe qui explore le ‘hip hop assiko’ avec réussite; Prince Ndédi
Eyango, le montagnard dont le talent est toujours au sommet ; Krotal dont
la prestation le dernier jour a sonné comme un virage important d’un parcours
singulier qui se poursuit allègrement dans un univers qui a finalement adopté
le rap et le hip hop, auront un peu déçu. Surtout Ama Pierrot et Stypack Samo
qui n’ont pas semblé mesurer l’ampleur du moment.
Marie Lissom sur les planches de l'IFC. |
Pour ce qui est de l’organisation, elle fut réussie. Il
n’y eût pratiquement aucun couac malgré l’éclatement des espaces. Un QG à la
Centrale de lecture publique, une scène à l’IFC et une autre au Palais des
sports. Une sorte de triangle de la joie où les peccadilles n’ont pas entamé l’essentiel.
Les rencontres professionnelles, notamment les tables-rondes, furent d’un bon
niveau globalement et les speed meetings ont permis aux acteurs et opérateurs
du secteur d’échanger avec des experts de haut niveau qui avaient tous fait le
déplacement.
Après pareille réussite, Yatchokeu et son groupe qui
ont ainsi fait honneur à leur pays devront faire attention à ce que le soufflet
ne retombe. Car le Kolatier 2015 est déjà en ligne de mire. Le public de
Yaoundé en tout cas les attendra au tournant. Trouveront-ils les ressources
nécessaires pour cette échéance déjà attendue ?
Parfait Tabapsi