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lundi 25 novembre 2013

Le SIMA met en osmose l’ouest et le centre de l’Afrique

Musique

Communion entre Kassey (Niger), Petit Kandia (Guinée)
et Krotal (Cameroun).
Elle fut belle cette dernière scène du Kolatier 2013. Devant un public en transe, embarqué par un Mamar Kassey venu de son lointain Niger, Yaoundé était en fête ce samedi 02 novembre. Se trémoussant jusqu’au milieu de la nuit pour un événement qui en était à une première salutaire au Cameroun à savoir le Salon international de la musique africaine (SIMA) qui avait choisi le Kolatier pour l’accueillir. Une première qui a eu lieu après le partenariat noué par le REPAC, Rassemblement des professionnels d’Afrique centrale, piloté par Luc Yatchokeu, et le Bureau export de la musique africaine (BEMA). Il n’est pas superflu de dire qu’avec ce public emporté par Kassey, les organisateurs se sont frotté les mains. Regardant déjà vers la 2è édition du SIMA qui aura pour théâtre Dakar l’année prochaine.
Mais avant, ils seront sans doute heureux d’avoir pu tenir en haleine le public difficile de Yaoundé. Surtout lorsque l’on sait que jusqu’ici, le Kolatier se tenait plutôt à Douala. Pour cette étape, le premier challenge du SIMA aura été de mettre en valeur et en osmose les univers musicaux de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Dans un dialogue heureux qui a permis non seulement la découverte de riches patrimoines mélodiques et rythmiques, mais également des artistes au talent certain. La première scène, celle de l’IFC, aura été un véritable laboratoire de ce point de vue. Elle qui a connu le premier soir une effervescence conduite par une Maryse Ngalula qui sut, malgré des conditions techniques encore en rodage, donner une lecture nouvelle du mutuashi, ce rythme du Kasaï, vaste espace culturel d’envergure perdu au milieu des richesses minières de la RDC. Ngalula, à travers un mutuashi plus explosif a répondu en écho à son aînée Tshala Muana. En faisant recours dans son odyssée créatrice aux guitares blues et jazz que les amateurs n’ont pas manqué de saluer de la plus belle des manières.
Les jours suivants, le Sénégalais Noumoucounda Cissoko, le Guinéen Petit Kandia et bien sûr Kassey allaient rivaliser d’adresse et de créativité pour emballer le public et donner la réplique à Ngalula, mais aussi à Erna Chimu (Namibie) et Hope Street (Burundi). Et le Cameroun alors ? Non seulement l’organisation lui consacra une scène entière à l’esplanade du Palais des sports où la décoration et la qualité du son et des lumières furent saluées, mais les sélectionnés furent à la hauteur. Si la jeune Laro parut émoussée le premier jour à l’IFC, il y a que la suite fut plus intense. Permettant au passage de visiter les univers rythmiques d’un pays qui ne compte pas que des chanteurs faux. La qualité donc, il y en eût ! Au rang des souvenirs inoubliables, Queen Etemé qui, dans un concept très acoustique donna une leçon de chant et de choses. Il y eût également Marie Lissom, jeune louve aux dents longues ; le Kemit 7 du pianiste et compositeur Ruben Binam, un groupe constitué en grande ligne des grands orchestres qui firent l’honneur du continent noir dans les trois premières décennies de son indépendance. En voyant ces jeunes porter cette esthétique convoquant à la fois les rythmes du terroir et ceux de la diaspora noire des Caraïbes (panafrican groove disent-ils), il est rapidement apparu que ce groupe de seulement deux ans d’âge avait de beaux jours devant lui.
Marie Lissom sur les planches de l'IFC.
Les autres ambassadeurs du Cameroun, exceptés le groupe Mballe Mballe qui explore le ‘hip hop assiko’ avec réussite; Prince Ndédi Eyango, le montagnard dont le talent est toujours au sommet ; Krotal dont la prestation le dernier jour a sonné comme un virage important d’un parcours singulier qui se poursuit allègrement dans un univers qui a finalement adopté le rap et le hip hop, auront un peu déçu. Surtout Ama Pierrot et Stypack Samo qui n’ont pas semblé mesurer l’ampleur du moment.
Pour ce qui est de l’organisation, elle fut réussie. Il n’y eût pratiquement aucun couac malgré l’éclatement des espaces. Un QG à la Centrale de lecture publique, une scène à l’IFC et une autre au Palais des sports. Une sorte de triangle de la joie où les peccadilles n’ont pas entamé l’essentiel. Les rencontres professionnelles, notamment les tables-rondes, furent d’un bon niveau globalement et les speed meetings ont permis aux acteurs et opérateurs du secteur d’échanger avec des experts de haut niveau qui avaient tous fait le déplacement.
Après pareille réussite, Yatchokeu et son groupe qui ont ainsi fait honneur à leur pays devront faire attention à ce que le soufflet ne retombe. Car le Kolatier 2015 est déjà en ligne de mire. Le public de Yaoundé en tout cas les attendra au tournant. Trouveront-ils les ressources nécessaires pour cette échéance déjà attendue ?
Parfait Tabapsi

Great comeback de Danielle Eog !

Concert

Danielle Eog avait disparu des radars médiatiques, et même scéniques, depuis quelques mois. La dernière fois d’ailleurs qu’elle avait rencontré les médias, c’était pour parler de son premier album solo, de longs mois après un single qui lui-même avait fait long feu. Elle était alors toute ronde de grossesse, l’air un peu éméché, des yeux globuleux déterminés avec ce regard de guerrier qu’elle sait invoquer dans les moments difficiles. Et puis, cette place de finaliste du prix Découvertes Rfi est venu rappeler aux mélomanes le souvenir de cette chanteuse dont la voix a accompagné bien d’artistes dans des univers variés.
C’est donc dire s’il y avait de l’appréhension, si ce n’est plus, chez ceux des mélomanes qui ont répondu à son appel vendredi 22 novembre dernier à l’IFC de Yaoundé. Où elle avait prévu un live adossé à son opus enfin disponible, quoique l’un de ses proches ait fait savoir que le bon master avait été confondu à un autre de moins bonne qualité. En tout cas, le public était loin de tout cela, lui qui voulait voir cette candidate qui avait échoué au pied du graal et dont certains disaient avant l’entame du bien.

Malgré le retard à l’allumage et ses rondeurs prononcées dues sans doute à la récente maternité, Danielle a assuré. D’abord par sa voix. Unique au milieu de la nouvelle vague de chanteuses que connaît actuellement le Cameroun. Oui Eog a étonné par cette voix de jazzwoman qui sait tapisser des compositions osées sur des airs exhalant la peine des mauvais jours. Ce d’autant plus que ce soir-là, son physique rappelait étrangement celui de ces grandes voix du jazz, telle cette Randy Crowford nouveau cru, loin de la filiforme qui éblouit l’univers jazzistique des années 80.  Eog, qui a ajouté il y a quelques années Makedah à son patronyme, a chanté et fait savoir que son échec aux Découvertes Rfi n’avait rien à voir avec son niveau de chant dont la tessiture s’accommode bien à l’univers du jazz. Ce d’autant plus que ses compositions parurent tout aussi abouties. Compositions que des instrumentistes de renom ici ont su porter, notamment Jules Tawembé (keyboards), Roddy Ekoa (drums), Guillaume King (guitar) et Paul (bass), avec en guest star Serge Maboma, le bassiste et chef d’orchestre du groupe Macase dont on attend impatiemment l’album de «la nouvelle écriture».
Le public connaisseur a apprécié, avant de se ruer à la sortie sur les albums en vente que l’hôte du jour s’est empressée de signer, son éternel sourire aux lèvres. Elle qui en quelque 13 ans de carrière a souvent su composer avec des univers souvent dichotomiques à première vue et qui foisonnent dans l’espace urbain. Elle dont la générosité artistique a souvent fait mouche –pour cette soirée, elle fit recours à un slameur qui ouvrit et referma le concert d’une prestation vocale remarquée. Elle à qui beaucoup souhaitent une carrière aussi longue que son bras. Une Eog que l’on peut désormais appeler Makedah, la reine du chant jazz de la nouvelle génération.  

P.T

Indémodable Youssou Ndour

Concert

Le chanteur sénégalais est revenu plus fringant sur la scène de Bercy après une parenthèse politique qui avait fait craindre le pire.
Dans une édition précédente, il avait apparu depuis le ciel de Bercy. Pour la plus grande joie des fans accourus en cet antre mythique du fameux «Grand bal» auquel il nous a habitués depuis 1999. Samedi 12 octobre dernier, c’est depuis le sous-sol qu’il a entamé son entrée. Pour une odyssée qui restera comme l’une des plus accomplies de cet événement qui chaque année rassemble la communauté sénégalaise de Paris et des villes plus ou moins proches.
Pour cette cuvée 2013, Youssou Ndour et son «Super étoile» rénové n’ont pas fait dans la dentelle. D’abord par la durée. Plus de quatre heures de musique non stop où la transe a parfois frôlé l’apoplexie, sans toutefois déborder comme la masse nombreuse aurait pu laisser craindre. Et si les fans s’en sont donné à cœur joie, c’est parce que Youssou a assuré. D’abord par le répertoire de 32 titres triés sur l’ensemble de ses succès depuis les années 90. Et même si d’aucuns ont regretté à la fin que tel titre aurait mérité de figurer au générique du soir, il y a que beaucoup y ont trouvé leur compte.
Pour ceux qui craignaient que les choix politiques aient emporté dans leurs débats sans fin la voix de l’étoile de Dakar, la prestation leur a ôté de plus d’un doute. Oui la voix de Youssou n’a pas pris de ride. Elle semble même avoir atteint son nirvana avec l’âge, un peu comme les grands crus made in France. L’autre élément d’identification de cette soirée se retrouve dans les accoutrements qui ont varié du traditionnel –une tenue de notable surgie de la mythologie sénégalaise- au costume trois pièces en passant par des boubous modernes, signe de toutes les traversées de ce lion inoxydable qui trace son chemin international depuis 30 ans et le compagnonnage d’avec l’Anglais Peter Gabriel. Il a donc chanté et chanté encore, stoppé seulement par une nuit froide qu’il avait réussi à apprivoiser et à échauder pour le plaisir des mélomanes émoustillés.
Sur la rythmique et les sonorités du Youssouland, la partition fût maîtrisée ce soir-là à Bercy. Ce qui était loin d’être une sinécure pour cette galaxie étoilée d’une vingtaine de membres parmi lesquels au moins cinq nouveaux venus. Quatre Camerounais sur la scène (Stéphane Obam à la basse, Alain Oyono au saxophone et clarinette, Marc Ndzana à la batterie, et Aubin Sandio au piano) ainsi qu’un autre dans les coulisses (Serge Maboma du groupe Macase) ont fait plus que représenter le Cameroun. Ce d’autant plus que pour les deux premiers, l’officiant de cette messe enfiévrée aura laissé plus d’une occasion d’exécuter des solos leur permettant de montrer l’étendue de leurs possibilités artistiques. Ce qui a rajouté à ce rendez-vous sénégalo-sénégalais une coloration panafricaine. Situation que les présences du Guinéen Sékouba Bambino, de la Nigériane Ayo et du Congolais Fally Ipupa auront illuminée d’un arc-en-ciel heureux.
Les fans, emportés comme jamais, ont laissé libre cours à leurs envies trop voyantes de se trémousser. Voix et danse se sont ainsi donné la main dans une sarabande belle à admirer et qui permettait à Youssou de clamer à la face du monde que l’Afrique avait autre chose à offrir, plus que la misère et les guerres que les médias occidentaux ne cessent d’asséner à des spectateurs au demeurant las de cette ritournelle qui n’en finit plus de les emballer. Cette atmosphère ne connut qu’une pause avec trois titres reggae de l’album ‘Dakar-Kingston’ dont l’interprétation, pourtant impeccable, fit long feu. Pour ce grand bal 2013, la messe pouvait être dite passé deux heures du matin. Laissant sur le carreau des fans à la gueule de bois, repus et décidés à remettre ça à la prochaine occasion. Et comme l’a lâché l’un d’eux, «Youssou c’est l’assurance d’un bon spectacle, d’une bonne musique et d’un bon message». Vivement le prochain Bercy.

Parfait Tabapsi à Paris