Cinéma
Les acteurs amateurs à l'issue de la projection de Yaoundé. |
Rendez-vous
avec les morts, après une longue parturition, nous promène dans les méandres
d’un interdit brisé par la curiosité de lycéens déterminés et joyeux.
La curiosité, voilà une notion pour le moins
polysémique, surtout quand il s’agit des ados. Sauf que depuis les exploits des
grands explorateurs européens hier et des journalistes aujourd’hui, on sait
combien elle est importante pour le salut de l’humanité en général. C’est ainsi
que lorsque de jeunes lycéens sont sommés par leurs enseignants de ne point
faire valoir leur curiosité jusqu’à un certain endroit de l’établissement, ils
ne peuvent que refuser d’obtempérer. Avec toutes les conséquences qui peuvent
en découler. Car à la curiosité, il faut ajouter l’interdit. Deux notions aux
antipodes de la vie des ados d’aujourd’hui.
Pour sa première au cinéma, la jeune Matilda Serna a
choisi de s’appuyer sur ces deux notions pour donner corps à ses idées. Ce qui,
au final s’avère avoir été un cocktail intéressant. Le 21 décembre dernier lors
de la projection de Rendez-vous avec les morts –c’est le titre du film- à l’IFC
de Yaoundé, le public venu nombreux a consommé l’œuvre avec un appétit parfois
bruyant, preuve que la scénariste avait vu juste. Les trois cinéastes aussi.
Dans la mesure où durant deux heures, on ne s’ennuie guère. Si la joie des
acteurs –tous amateurs et au sein desquels quelques pépites ont éclos comme
Julien Bahel ou Prudence Madji- a su ainsi contaminer le public, c’est que
l’affaire était bien ficelée au départ. Ce qui n’est pas si étrange que ça vu
que ce projet a d’abord épousé la forme de la représentation théâtrale. Avec
une réception à l’époque tout aussi intéressante.
Si ce film qui, durant sa tournée dans le sud du pays,
a su satisfaire les foules venues en masse, c’est que les ingrédients ont été
bons. L’histoire d’abord qui met en scène des étudiants déterminés à briser un
interdit pour satisfaire leur curiosité. Interdits en effet de descendre au
sous-sol de l’établissement où règnerait une âme damnée, nos braves ados ne
s’en verront que plus attirés par cet endroit. Où dort une partie de l’histoire
de leur lycée qui des décennies plus tôt avait été incendiée par une de leurs
devancières, soupçonnée à raison d’avoir eu des relations amoureuses –autre
interdit- avec son enseignant. Et pour parvenir à cette découverte finale, le
réalisateur a su bien agencer les scènes in et out. Aidé en cela par des acteurs
déterminés et passionnés. Qui dans leur déploiement scénique ont donné plus que
le meilleur. Danses urbaines et traditionnelles ont ainsi nappé une œuvre
structurée en tableaux. Et même si le son n’a pas paru uniforme pour les
oreilles exercées, le résultat est plus que satisfaisant. Et ce même si la fin
a constitué le point faible du film avec un prolongement inexpliqué. Il ne
reste plus cependant qu’à souhaiter une plus grande diffusion, surtout en
direction des lycéens d’ici et d’ailleurs. Cela pourrait les aider à étendre
leurs possibilités artistiques et scolaires.
Rendez-vous
avec les morts de Joseph Pascal Mbarga,
Julien Willy Nkiam et Rocco Serna Mattia, 120 min, avec Elena Matilda Serna,
Bellange Prudence Madi, Julien Hervé Bahel, David Noundji, Alice Mahop ;
produit par Rue 1113
P.T.
Aux sources
du projet
Matilda Serna et les comédiens David Noundji et Maryse Bonny à la première de Yaoundé (de G. à D.) |
Il y a cinq ans, la jeune Serna Elena Matilda, qui en a
20 aujourd’hui, écrit un texte, pensé pour le cinéma, qu’elle intitule
Rendez-vous avec les morts. En avril 2009, le Centre Italien (CI) de Yaoundé
lui demande de l’adapter pour le théâtre afin que les élèves du centre puissent
la représenter en italien. Elle traduit donc son oeuvre du français à l’italien
et la pièce est présentée le 11 juin 2009 au centre culturel Petit Tam-tam de
Yaoundé. Partiellement satisfaite du résultat, Matilda, qui veut que la danse
ait une très grande importance dans sa pièce, décide de représenter Rendez-vous
avec les morts en français et avec des vrais danseurs. L’aventure commence vers
la mi-septembre 2009 : grâce au « bouche-à-oreille », une vingtaine de danseurs
semi-professionnels, venant pour la plupart de la réalité hip-hop de Yaoundé,
accepte de faire partie du projet, ainsi que quelques élèves du CI et du Lycée
français Fustel de Coulanges, camarades de Matilda. Vers la mi-octobre, David Noundji,
un comédien professionnel expérimenté intègre la troupe, qui s’est donné
entre-temps le nom de Rue 1113, tiré de
celui de la rue où il y a la maison auprès de laquelle se déroulent les
répétitions tous les mercredis, samedis et dimanches. Avec de l’acharnement, de
la confiance et un grand professionnalisme, Noundji accomplit un petit miracle
: la comédie musicale Rendez-vous avec les morts, la première dans son genre
jamais réalisée au Cameroun et par des artistes Camerounais, est représentée le
15 décembre 2009 au Centre culturel français de Yaoundé, à guichets fermés. Le
début d’une aventure qui connaît une nouvelle étape avec ce film.
(Source
dossier de presse)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire