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mardi 25 septembre 2012

Macase : Renaissance enchantée


Musique



Une attitude durant le concert à IFC de Yaoundé
Le concert de retour du groupe a sonné juste et donné des indications sur sa nouvelle démarche esthétique.
La dernière fois que le groupe avait presté dans la capitale remonte à deux ans. C’était en mai 2010 lors de la date inaugurale de la tournée nationale de présentation de leur 3è opus «Fly Away». On était alors loin de s’imaginer qu’une traversée du désert allait suivre, avec une tempête qui risquait d’anéantir le groupe de 15 ans à jamais. C’est avec impatience et appétit que le public a donc fait le déplacement de l’Institut Français du Cameroun de Yaoundé vendredi 21 septembre 2012. Où il a découvert que Macase malgré la conjoncture était bien vivant et déterminé à en découdre avec un destin que l’on lui souhaite heureux.
Le groupe que le public a découvert et savouré est cependant aux antipodes de celui qu’il connaissait auparavant. Dans la même salle il y a deux ans, les Corry, Binam et Minka étaient encore là. Pour ce retour et après la dislocation annoncée, l’on a découvert trois autres instrumentistes à la dextérité artistique indéniable, agrémentée de trois chœurs à suivre de près pour les années qui viennent. Le plus emblématique d’entre eux étant le guitariste Wilfrid Etoundi que le public de Yaoundé connaissait pourtant déjà à travers nombre de collaborations artistiques, mais aussi au moyen de son premier opus (Bal intérieur, Takana Prod, 2009) qui avait enchanté plus d’un. Ce soir-là, Willy hissa son jeu à un niveau plus qu’intéressant, et cela même si ceux qui le connaissent estiment qu’il en garda un peu sous les doigts. C’est à lui que revint non seulement d’assurer le lead vocal, mais aussi d’accompagner la nappe de l’ensemble par une guitare qui empruntait tour à tour la voie de la rythmique, du balafon et de la solo. Dépassant sa fonction, et sans extravagance, il entraîna les compositions nouvelles et anciennes sur un sentier de rythmes à la fois locaux et mixte, car le groupe, fidèle à sa posture esthétique initiale de parler au monde à partir du Cameroun, n’a pas rompu avec la mue.


En show case à la Solomon Tandeng Muna Foundation
Si le jeu de Willy a paru si maîtrisé, c’est que ses compères ont eux aussi été au rendez-vous. La section rythmique d’abord avec le bassiste Maboma qui n’a pas eu à forcer son talent pour porter le rythme de l’ensemble, et souvent prêté main forte au chant avec la justesse vocale qu’on lui connaît. Lui qui plus que par le passé a donné une consonance poétique heureuse au show, en citant par exemple Martin Luther King et son fameux rêve. Dans la même veine, Roddy Ekoa a soigné son jeu de batterie, accompagnant également le chant quand cela était nécessaire. Jules Tawembé le pianiste a simplement fait oublier son prédécesseur. Petit Jean, le cadet de la bande, confiné aux percus, a démontré qu’un bon batteur peut, à l’instar de son illustre devancier Brice Wassy, élever son niveau dans ce registre proche.
Pour ce qui est de l’esthétique et de l’esprit, Macase ne s’est pas renié avec cette nouvelle étape. Mais il ne l’a fait que pour mieux se positionner pour demain, tant le passé du groupe est lourd. Avec ce qu’il a montré, le groupe peut aller encore plus loin, surtout avec cette maîtrise dans le jeu qui lui permet d’osciller dans des territoires musicaux a priori incompatibles. Sauf que le groupe doit intégrer que tout le monde ne peut pas chanter. Aussi, peut-être devrait-il songer à trouver un show man, genre Marthely ou Saint Eloi des Kassav pour permettre au public d’extérioriser sa joie avec cette frénésie exaltante et enthousiasmante pour les musiciens.

lundi 17 septembre 2012

Les souffrances de Aung San Suu Kyi

Cinéma

L'affiche
 Avec le biopic "The Lady", Luc Besson donne force et puissance au combat de l’opposante birmane qui a su vaincre plus d’un obstacle pour mener son peuple vers la démocratie.
Dans le manuel de l’art de la guerre, s’il en existe un, doit figurer un chapitre sur la solitude du héros, du leader pour être plus précis. Non pas qu’il ne soit pas entouré par sa famille ou les membres du parti. La solitude du leader ce n’est pas simplement le moment où, reclus, le leader doit prendre une décision importante. C’est aussi, et très souvent hélas, le moment où il s’interroge sur le sens de son combat et par conséquent de son destin politique, surtout au fil des écueils qui se présentent à lui comme un chapelet de chemin de croix.
En décidant de faire un fil sur le personnage célèbre de Aung San Suu Kyi, interprété avec maestria par Michelle Yeoh, le Français Luc Besson a fait œuvre utile pour tous ceux qui au quotidien combattent pour un mieux être des citoyens. Cela se voit à travers le parti pris de saisir le parcours de la Birmane par son côté intime, familial. Où il réussit à merveille à plonger le spectateur dans les sentiments de mélancolie, d’angoisse, de stupeur, de solitude de celle qui est présentée tour à tour comme une mère, une citoyenne, une épouse et un leader politique. Ce n’est pas ici que l’on apprendra sur la stratégie politique de la fière dame. Mais on en apprend sur le ressenti, sur les étapes qui ont émaillé la vie de celle-ci, recluse qu’elle aura été dans la maison familiale de Rangoon.
Aung San Suu Kyi
Maison où le spectre de son père, général ayant combattu pour l’avènement de la démocratie avant d’y laisser sa peau, est présent sans pourtant hanter sa fille qui a décidé de s’installer dans son pays d’origine après un long séjour en Angleterre où elle a fondé une famille aimante. Ce qui transparaît de cette narration de Besson c’est bien sûr cette solitude, mais surtout ce courage et cette détermination de l’héroïne qui a le don de transformer les obstacles non pas en avantages, mais en situation de vie tout simplement. Y est aussi célébré cette union d’une famille que l’absence de la mère ne réussit pas à déstabiliser ou à désagréger. En voyant ce biopic, on ne mesure que plus grandement les souffrances de Aung San Suu Kyi, digne fille de son père qui a mis sa propre vie entre parenthèse pour ainsi dire afin d’aider son peuple à conjurer une junte militaire qui n’en finit plus de durer.




Michelle Yeoh et Luc Besson
En choisissant de terminer son film par une scène qui présente Mme Suu Kyi à l’intérieur de sa maison en train de jeter à la foule assemblée à son portillon une fleur blanche, signe de paix, Besson prend position là pour un avenir meilleur. Ce qui au vu du déroulé du film est logique. A travers cette scène aussi, l’on perçoit que la solitude et la réclusion peuvent constituer une force pour tout leader pour peu qu’il s’en accommode et trouve le moyen de s’en servir pour libérer son peuple. Une situation que Nelson Mandela, autre Nobel de la paix incarcéré pendant longtemps, avait déjà expérimentée avec bonheur. Il n’aura manqué à ce film que le côté terrain de la politicienne, mais le réalisateur n’avait-il pas pris le parti de raconter la vie de famille de l’héroïne ?

vendredi 7 septembre 2012

Macase : waiting to exhale



Musique
Le groupe affute ses armes avec application à Yaoundé. Pour encore enivrer des mélomanes aux aguets.
en plein dans la répèt.



Wilfried Etoundi, solo et rythmique
Le groupe musical Macase n’est pas mort. Il est même debout. Avec toutes ses dents. Avec toute sa détermination. Après une dislocation annoncée, il a en effet trouvé des ressources pour mieux rebondir. Avec les départs, a sonné l’heure des arrivées. Pour le plus grand plaisir des mélomanes qui commençaient à désespérer dans un environnement musical et artistique où les impostures sont légion, où l’amateurisme couvre de son voile de malheur la beauté des arrangements futés et avant-gardistes.
En son antre de Bastos à Yaoundé, le groupe reconstitué travaille d’arrache pied. Non pour revendiquer quoi que ce soit mais pour continuer un habitus qu’il a contribué à approfondir dans le cœur des mélomanes avertis. Et avec le retour annoncé, les espoirs sont permis. Surtout qu’un tour en pleine répétition renseigne à suffisance sur l’esprit qui est désormais en vigueur ici. A voir les nouveaux jouer, on a comme l’impression qu’aucun ressort n’a été cassé avec la rupture d’il y a quelques mois. Cela parce que, répètent les nouveaux en chœur, «nous nous connaissons depuis longtemps, nous nous sentons comme en famille». Et il y a de quoi lorsque l’on se souvient que Wilfried Etoundi –le guitariste- jouait déjà avec son pote Serge Maboma dans un cabaret de la ville avant que le groupe nouvellement venu au monde ne vienne le chiper pour remplacer le bassiste initial parti poursuivre ses études en Europe.
Quand au percussionniste Petit Jean Abanda, qui depuis son retour de tournée avec le groupe ‘Les têtes brulées’ à la fin de la décennie 90, son parcours a souvent croisé celui des membres de Macase dans des jam et autres prestations ça et là. Tout comme Jules Tawembé, l’ancien du Yaounde University Music (YUM) qui, après une parenthèse en studio, a remplacé au pied levée le pianiste Ruben Binam parti. Il n’est donc pas à craindre quelque problème d’osmose, tant la notion de famille est implantée dans les têtes et les propos ici.
Les trois vierges aux choeurs
Petit Jean Abanda, percussions
Jules Tawembe, piano



Dans cette ambiance bon enfant donc, le quintette donne la pleine mesure de toute sa détermination à faire renaître le sphinx Macase plus que jamais parti sur la route du monde avec son bagage initial bantu, c’est-à-dire quelque chose de la forêt. L’on ne saura le fin mot de ce nouvel esthétisme estampillé «Bantou Groove» que lendemain des trois prochains concerts (Yaoundé le 21 septembre, Douala quelques jours plus loin et Garoua le 3 novembre). Mais déjà, en plus de ce qui a été dit, il faut ajouter que le groupe actuel vit ensemble depuis un an. Pour les plus pressé, rendez-vous au show case de lundi prochain à la Fondation Muna à Yaoundé. Pour consommer cette nouvelle écriture.