Rechercher dans ce blog

Pages

welcome, willkommen, bienvenue

Vous êtes chez vous ici !
Here you are at home !
Hier sind Sie zu Hause !

vendredi 23 août 2013

Yaoundé : Incursion à l’espace culturel FIIAA

Depuis un an, son promoteur André Feze se démène comme un beau diable pour contribuer à la diffusion artistique. Visite guidée d’un espace qui commence à faire parler de lui.

Convoqué par le téléphone arabe, le public a répondu. En nombre et avec ferveur ce samedi 13 juillet 2013. Un public qui a pour ainsi dire envahi la terrasse arrière de l’espace culturel et de loisirs dénommé FIAA au quartier Nsimeyong à Yaoundé. Public qui n’a pas boudé son plaisir toute la soirée durant, servi qu’il était par une joyeuse troupe de slameurs avec un lieutenant comme on n’en trouve pas souvent dans le milieu : la jeune Lydol. Une jeune étudiante qui a pris date à travers une prestation qui a convoqué en même temps la déclamation mesurée de ses propres textes, le chant et l’action. Le tout dans une mise en scène et une scénographie pour laquelle son mentor, le poète et scénographe Fleury Ngameleu, aura été plus qu’un recours utile. Pour une première, ce fût donc un succès pour Lydol dont le père présent ne doit pas être peu fier. Une Lydol qui pour l’occasion avait invité ses potes du Ongola Slam Café qui, pour ceux qui ne les connaissaient pas, ont fait montre d’une maîtrise certaine dans l’écriture poétique ainsi qu’une prestation scénique qui exprimait la gravité des thématiques explorées comme l’amour, la galère, l’unité africaine, etc. Une jeunesse décidée à conjurer l’abandon dont elle est l’objet de la part des gestionnaires de la chose publique et qu’un aîné dans le milieu en la personne de Sadrack du groupe de rap Négrissim est venu conforter à travers une prestation remarquée.
Ce spectacle, loin d’être une première pour cet espace, entre en droite ligne de l’esprit du centre culturel FIAA. Un mot qui dans les langues de l’Ouest Cameroun exprime la joie, le jeu, le plaisir. Pour le promoteur André Feze, le centre n’est pas seulement cela. «Au-delà de cette signification littérale et somme tout appropriée cependant, il faut comprendre que notre volonté en ouvrant cet espace au public est de lui permettre de donner sens et corps à sa passion dans le domaine des arts. Car on ne s’amuse pas par hasard, on ne choisit pas un loisir pour rien. Je reste convaincu qu’on choisit un loisir par passion et avec liberté. Dans le jeu, il n’y a d’ailleurs pas de limite». On ne vient donc pas à FIAA comme si l’on allait à une promenade. Il n’est pas question ici de jouer simplement avec des objets, «il y a aussi l’idée qu’on peut au terme du jeu rendre concret et visible pour soi et les autres sa passion», poursuit Feze. Une façon pour lui de faire comprendre que son espace se veut le creuset de la créativité inhérente en chacun de nous.
Un esprit qui fait son bonhomme de chemin depuis l’ouverture voici un an exactement. Ouverture qui avait vu la contribution de plasticiens issus de l’Institut de formation artistique de Mbalmayo (IFA). A l’occasion, Feze avait d’ailleurs insisté sur ce que FIAA était dédié à la création et à la diffusion. Un an plus loin, ce n’est guère le temps du bilan. Mais déjà, il sait qu’il est dans le vrai de son idée et ne demande qu’à aller de l’avant. Car en 12 mois, le centre a montré sa multifonctionnalité pour nombre d’activités charriées par l’art à Yaoundé. Et le concert de samedi 13 juillet pourrait être considéré comme allant dans ce sens-là. Car sur cette terrasse, les arts du spectacle peuvent s’exprimer (concert de musique, pièce de théâtre, humour, spectacles de conte, etc.), avec une capacité de 130 personnes assises dans un espace couvert. Et si le besoin se fait sentir, l’espace qui comprend une scène peut accueillir une trentaine de personnes supplémentaires dans une configuration où elles seront debout. Cet espace comprend en arrière fond un bar qui indique bien qu’en dehors des spectacles, des activités ludiques peuvent y être exécutées sans anicroche. Le promoteur et son équipe réfléchissent actuellement à comment en faire un espace de restauration rapide aussi. Ce qui pourrait donner naissance à des «soirées gastronomiques spéciales» qui permettront d’exposer le savoir-faire culinaire camerounais dans toute sa diversité et sa luxuriance.


Bob Marley and Co

Mais avant d’arriver à cette terrasse, le visiteur passe à côté de la «salle Bob Marley», initialement prévue pour être le garage de cette maison d’habitation. Une salle d’une capacité de 50 places assises qui sert aussi à des projections cinématographiques et où un ciné club a pris ses quartiers depuis un mois grâce au partenariat avec les centres culturels étrangers qui prêtent volontiers des films. L’espace sert également pour de petits spectacles comme les One man show ou la musique acoustique. Et pourquoi Marley ? «Parce qu’il a hissé les rythmes de chez lui au pinacle. Mais aussi parce qu’au rang de nombre de choses qu’il a dites, il y a ceci : Deliver yourself from mental slavery (se délivrer de la l’esclavage mental, Ndlr)». Un extrait du fameux thème ‘Redemption song’ du reggae man le plus célèbre.
Contigüe à cette salle se trouve une autre qui occupe les trois quarts du rez-de-chaussée de cet immeuble d’un étage. Une salle qui sert de galerie pour plasticiens en quête d’espace de visibilité. Sur les murs, on peut d’ailleurs apercevoir les travaux de Salifou Lindou ou de Le Shegall qui donne à l’espace un ton plus convivial. Dans la première partie de la salle, se trouvent des tables et chaises dans la configuration d’un restaurant. Explication : «l’espace peut à l’occasion servir de restaurant ou entretenir les convives lors des cérémonies qu’il nous arrive de recevoir ici». Mais en temps normal, cet espace est prévu pour les café-littéraires, les conférences et autres dédicaces. Il peut aussi servir de décor à des programmes TV sur les loisirs dont le paysage audio-visuel au Cameroun manque cruellement. Dans la cour qui prolonge le balcon de cette salle, des activités ludiques peuvent aussi se tenir. Comme le billard ou des jeux pour enfants. Ou alors abriter des ateliers de pratique d’art.
A l’étage, ne se trouvent pas seulement les bureaux de l’administration du centre. S’y trouvent également des chambres d’hôtes aménagées avec salles d’eau. Il n’y en a que deux qui fonctionnent actuellement. A côté d’une troisième qui est en réalité une chambre d’ami. Oui la famille Feze vit ici avant un déménagement qui tarde. Depuis son retour au bercail, quand il ne s’emploie pas à trouver des ressources pour son centre ou à réfléchir comment le rendre plus attrayant, celui qui a fait des études de tourisme et travaille à la Coopération allemande (GIZ) mène ses activités de père de famille et d’époux.
Pour ce qui est du fonctionnement de FIIAA, la mise de départ, c’est-à-dire les fonds propres, sont de mise. «Nous gardons l’espoir d’atteindre bientôt l’équilibre salvateur. C’est pourquoi à côté des activités culturelles, nous essayons de développer des activités pouvant constituer des sources de revenus et nous permettre de couvrir certaines charges. Nous pensons ici à la location d’espaces pour des cérémonies, la location des chambres d’hôtes ou encore les services de restauration. Nous envisageons également créer une boutique de produits du terroir pour encourager leur consommation». Et les pouvoirs publics alors ? «J’ai contacté le ministère des Arts et de la Culture pour présenter mon initiative et solliciter la politique de l’Etat dans la promotion culturelle afin de savoir comment initier un éventuel partenariat. J’attends toujours sa réponse». Mais déjà, il faudrait savoir que «les deux amis avec qui j’ai commencé l’aventure à savoir un commissaire d’expo et un avocat, tous basés en Europe, ont quitté le navire depuis». Feze poursuit donc la navigation, déterminé à rendre viable son objectif qui est de «donner la possibilité aux créateurs potentiels de s’exprimer et aider à la diffusion de l’art. je souhaite aussi contribuer à la structuration du marché de l’art et participer à l’aventure de l’industrialisation de l’art dans mon pays.» Un vœu pieux ?

Parfait Tabapsi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire