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mardi 18 décembre 2012

Cinéma tunisien: espoirs d’après la révolution



spécial JCC 2012

Hinde Boujemaa, Tunis, 09/012


Les réalisateurs estiment que le changement politique a impacté positivement sur leur travail, en attendant la réorganisation du secteur.

par Parfait Tabapsi à Tunis 
 
En prenant ses quartiers à un jet de pierre de la «Place du 14 janvier 2011», les JCC ont fait un clin d’œil –volontaire ou non- à la révolution qui l’année dernière poussa Zine El Abidine Ben Ali à l’exil. En y consignant en effet deux hôtels, dont l’un servait de QG et en réquisitionnant neuf cinémas et espaces culturels pas loin de cette place symbolique, le comité d’organisation a passé un message. Subtilement.  Un symbole qui renseigne aussi un peu sur ce qu’est devenu le 7è art ces derniers mois au pays du plus vieux festival de cinéma du continent.
A Tunis et partout en Tunisie en effet, la révolution a marqué les esprits. Surtout chez les artistes qui ont dû se revêtir de nouveaux atours créatifs et adopté de nouvelles postures artistiques. Pour Nejib Ben Azouz, réalisateur de «Aux origines de la révolution tunisienne» (15’) «il est indéniable que la révolution a conféré une certaine liberté de parole à tout le monde». Un sésame indispensable pour tout artiste tant l’art n’a pas de frontières ni géographiques ni psychologiques ou mentales. Il ajoute : «avant, on n’avait pas le droit de faire un film sur la politique, or rien ne nous oblige plus à cela depuis les événements de 2011».
Mohamed Zran, Tunis, 09/012
Un avis que confortent nombre de réalisateurs au rang desquels Hinde Boujemaa dont le film «C’était mieux demain» a fait couler encre et salive ici. Elle insiste pour dire que «rien n’a changé à part la liberté d’expression qui, il ne faut pas l’oublier, a été arraché de haute lutte par nos compatriotes». Un avis pas loin de celui de Mohamed Zran, le réalisateur de «Dégage» qui a ouvert les JCC 2012 pour qui «un cinéaste reste cinéaste malgré la conjoncture. Sa force ne dépend pas des changements sociopolitiques».
Ainsi, tous ou presque s’accordent pour dire que «la censure a disparu». Ce qui augure peut-être de lendemains meilleurs. Mais avant d’y être ou de s’y projeter, Bilel Bali qui a réalisé «1,2,3…5,6,7…» fait savoir que pendant la révolution, lui, comme certains, a «eu peur, car on ne savait pas de quoi sera fait l’avenir», sous-entendu la vie post-révolution. Il précise cependant que «durant les périodes de couvre-feu, certains continuaient de vivre normalement ; on organisait même des soirées, notamment de danse de salsa, ce qui m’a amené à filmer pour mon film. C’était un moyen pour les populations d’évacuer la pression médiatique, politique et sociale».
La liberté semble donc être le seul acquis de la révolution. Car à en croire Bilel Bali, «l’état du cinéma a régressé malgré le nombre de productions multipliées par 10 ou 15». Il faut dire que les réalisateurs ont leur seul courage et détermination pour munitions dans leur travail de création. Bali poursuit : «il y a une régression au niveau des subventions de l’Etat et de l’aide du ministère de la Culture». Une commission d’aide aux films existe pourtant depuis décembre 2011 mais souffre encore des problèmes de trésorerie dans une phase de transition où les priorités sont visiblement ailleurs. Car comment expliquer autrement qu’après l’annonce il y a cinq mois de la délivrance des premières aides on en soit encore au stade des discours ?
Bilel Bali, Tunis, 09/012
Hinde Boujemaa pour sa part préfère demander à ses compatriotes de garder les yeux ouverts sur cette transition qui peut basculer dans le fondamentalisme avec le risque de perte des acquis de la révolution comme la liberté d’expression. Zran, lui, dit que «faire des films est devenu plus compliqué financièrement car avec le gouvernement provisoire, les choses sont loin d’être claires». Pour l’avenir donc, il y a tant à faire pour le bonheur du 7è art en Tunisie. Zran estime que l’accent doit être mis sur l’éducation du public, la restauration des infrastructures, bref «donner plus de moyens à la culture, car il faut que nous produisons nos images nous-mêmes». Il va même jusqu’à proposer «une révolution culturelle qui consiste à mettre les moyens dans la culture, éduquer le public sur les arts, nourrir et éclairer les esprits des citoyens afin qu’ils soient responsables demain pour mieux gérer le pays et comprendre le monde.»
En attendant, Ben Azouz, Boujemaa ou Bali se disent optimistes pour demain, à condition selon Boujemaa que le public soit amené à prendre conscience du changement en cours et à venir». Faut-il ouvrir les paris ?

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