Carnet de route à Abidjan
Une séance de matango à Adzopé. |
Décidément, il ne va pas se passer un
jour sans que je ne rentre tard et fatigué à mon hôtel. Hier, je suis allé au
lit passé 2h du mat. La faute au mal d’oreille persistant de Monique, amie et
consoeur du quotidien Mutations. Quelques instants en effet avant le coucher,
elle m’a envoyé un sms alarmant et nous sommes partis à la recherche de la
pharmacie de garde la plus proche. Que nous avons trouvé à quelques 500m, non
sans dompter la peur d’être agressé par les saigneurs de la nuit. Nous avons
été rassurés par une patrouille de civils installée au frontispice de l’hôtel.
Dieu merci, il n’eût point d’escarmouche et nous avons pu dégotter un
médicament qui lui a permis de passer la nuit.
Mais avant cet épisode, quelle journée !
Sorti de l’hôtel autour de 10h, je suis allé porter personnellement ma requête
en vue de me faire rembourser les frais de visas et autres transport auprès de
la chargé de com’ Chantal Nabalema. Qui m’a reçu avec sourire avant de me
promettre de décanter la situation en journée. Elle m’a également remis mes
tickets resto pour le restant de mon séjour. Après quoi un certain Luc Hervé
qui travaille dans l’organisation m’a proposé le voyage sur Adzopé, à 80 km, où
se délocalise le MASA. Ce que j’ai accepté avec empressement, vu que voir du
pays, c’est l’un de mes vœux à chaque voyage de presse.
Durant le trajet, j’ai vu un pays
paisible et des visages plus avenants. Pas de barrages policiers à vous faire
chier comme au Cameroun ; pas de payage non plus, quoi qu’il m’a été dit qu’il
y en aura bientôt. En regardant par-dessus la vitre de la voiture les
plantations de cacaoyer, je n’ai pu m’empêcher de penser à mon enfance. Quand je
détestais souvent aller aux champs avant de m’y résoudre sous la menace de
grand-père qui savait aussi, et je dois l’en remercier, me ménager. En voyant
ces champs, j’ai imaginé le sens du labeur qui devait être celui des
populations qui ont fait de ce pays l’un des premiers producteurs de la fameuse
fève au monde.
Le jongleur Cassio. |
Nous sommes finalement arrivés à
Adzopé en début d’après-midi où nous avons été accueillis par le service d’intendance
de la résidence du ministre des Infrastructures Patrik Achi. A la place de l’escargot
que je rêvais de manger ici, je me suis contenté du poulet. Nous sommes
ensuite, avec d’autres confrères ivoiriens, partis sur le site en plein air de
l’événement. Où d’entrée nous avons assisté à un concours du meilleur élève dragueur.
Ce qui m’a amusé et conforté à la fois. Car ces gamins ont démontré que l’imagination
était une compagne accessible après tout ce qu’ils ont connu. Les musiciens
pouvaient alors prendre d’assaut le podium. Non sans que deux conteurs –l’un du
pays Atié et l’autre du Niger- aient vanté leur savoir conter. Le jongleur
Cassio qui avait voyagé avec nous a également fait une démonstration tout en
finesse et en maîtrise qui a ravi le public, moi aussi. Alors qu’un groupe
congolais, Lexxus a commencé à nous entraîner vers les territoires du soukouss,
voilà que le ministre Achi prenait congé. Nous attirant du même coup. A sa
résidence, il s’ouvrit à nos micros et caméras de bon cœur. Pour nous dire
combien cette région portait en son sein l’art et la musique que son destin de
politicien et de mécène culturel condamnait à accompagner. Et ce quel qu’en fût
le prix. Dans ses propos et ses yeux, je lus une détermination de travailler à
faire passer à la postérité artistique cette région qu’on dit engendreuse de
talents culturels mais qui ont toujours eu du mal à traverser les frontières
nationales.
Le groupe kényan. |
On
attend Meiway
Je suis sorti de cet entretien avec le
sentiment qu’il y avait tant à faire pour que la culture, notamment la musique
ivoirienne, la vraie, celle qui exhale les senteurs des villages et campagnes,
irradie au-delà de la capitale Abidjan. Nous pouvions alors repartir au théâtre
des concerts où le groupe Winyo Gikalo du Kenya prolongeait un peu le soukouss
de lexxus, avec bien sûr une coloration plus nuancée, quoique le jeu du soliste
ne laissait planer aucun doute sur la ligne rythmique saccadé par moments,
soyeuse à d’autres. Vers 20h30, il fallait hélas reprendre la route. Pour 90
min de voyage tranquille, sauf à l’entrée d’Abidjan où un accident a dévié le
trajet.
Au village du MASA, le défilé de mode
était à la fin. Au grand dam de Monique qui voulait le voir. Moi j’ai foncé me
restaurer, attendant le passage annoncé de Meiway. Qui allait tarder. A tel
point que pris de fatigue, je dus rentrer plus tôt. Manquant ainsi ce moment
qui avait attiré tant de monde. Une fois dans ma chambre qui fait face à l’esplanade
du Palais de la culture où ont lieux les concerts en plein air, j’ai entendu
les clameurs et les sonorités du chanteur originaire d’Appolo, c’est une ethnie
ici. Et pour ne pas voir des problèmes à trouver le sommeil, j’ai ouvert mon
ordinateur et me suis laissé bercer par le magnifique album «Talking Timbucktu»
du magnifique Ali Farka Touré en compagnie du guitariste américain Ray Corder.
A demain !
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