spécial JCC
Avec Tey, le
réalisateur sénégalais Alain Gomis questionne le rapport humain au destin.
Vous,
que ferez-vous si d’aventure il vous était annoncé qu’il ne vous reste plus
qu’une journée à vivre ? Songerez-vous à régler quelque compte à vos
ennemis ou sombrerez-vous dans une ultime beuverie avec des copains, histoire
de partir sans regret vers le royaume des ombres ? Pour le réalisateur
sénégalais Alain Gomis, foin de tout cela. C’est même du côté du stoïcisme
comme l’a dépeint Alfred de Vigny dans son magnifique texte ‘La mort du loup’ –in
«Les destinées»- qu’il faut aller
chercher l’orientation de ce «Tey» qui transporte le spectateur dans une sorte
d’effroi mêlé à de la stupeur.
Alain
Gomis en effet a pris le parti dans ce film poignant de questionner le sens de
l’existence humaine. Ce en alignant des plans serrés qui transportent le
spectateur dans la tête de son héros. Un héros qui ne se laisse pas abattre par
son funeste sort, mais qui en profite plutôt, au point de donner l’impression
d’en jouer, pour voir sous un jour nouveau la vie autour de lui. Le Satché – c’est
le nom du héros- qui traverse le film est magistral dans son jeu ; tout
comme l’est également le directeur photo avec des images à la fois simples,
bien cadrées et profondes dans leur signification.
Si
la thématique est forcément philosophique, il reste que le jeu des acteurs, les
décors ainsi que la narration paraissent à tout le moins simple. Avec toutefois
cette impression d’ensemble que tout cela transporte le spectateur dans cette
intrigue bien ficelée et bien présentée. Pour d’avantage attirer la sympathie
sur son personnage, Alain Gomis recourt à des flash back heureux qui permettent
de se demander pourquoi c’est un jeune homme bien portant, plein de vie, père
de famille sans histoire, quoiqu’un peu infidèle, que le destin décide de
condamner. Une question existentielle qui ramène à se demander quel sens il
faut donner à sa vie. Faudrait-il vivre comme si chaque instant était le
dernier ? Ou alors faut-il s’inscrire sur le long terme avec des étapes
préparées à l’avance ? Un dilemme que le film n’aide pas à résoudre
complètement, mais qui permet au spectateur de mieux relativiser son existence
et de mieux considérer l’autre. Oui Gomis semble nous dire que quoi qu’on
puisse en penser, l’autre ce n’est point l’enfer.
Tey d’Alain Gomis,
avec Saul Williams, Djolof Mbengue, Anisia Uzeyman, Aïssa Maïga, 86', 2012
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