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vendredi 23 novembre 2012

Stoïcisme saga

spécial JCC


Avec Tey, le réalisateur sénégalais Alain Gomis questionne le rapport humain au destin.

 Vous, que ferez-vous si d’aventure il vous était annoncé qu’il ne vous reste plus qu’une journée à vivre ? Songerez-vous à régler quelque compte à vos ennemis ou sombrerez-vous dans une ultime beuverie avec des copains, histoire de partir sans regret vers le royaume des ombres ? Pour le réalisateur sénégalais Alain Gomis, foin de tout cela. C’est même du côté du stoïcisme comme l’a dépeint Alfred de Vigny dans son magnifique texte ‘La mort du loup’ –in «Les destinées»- qu’il faut aller chercher l’orientation de ce «Tey» qui transporte le spectateur dans une sorte d’effroi mêlé à de la stupeur.
Alain Gomis en effet a pris le parti dans ce film poignant de questionner le sens de l’existence humaine. Ce en alignant des plans serrés qui transportent le spectateur dans la tête de son héros. Un héros qui ne se laisse pas abattre par son funeste sort, mais qui en profite plutôt, au point de donner l’impression d’en jouer, pour voir sous un jour nouveau la vie autour de lui. Le Satché – c’est le nom du héros- qui traverse le film est magistral dans son jeu ; tout comme l’est également le directeur photo avec des images à la fois simples, bien cadrées et profondes dans leur signification.
Si la thématique est forcément philosophique, il reste que le jeu des acteurs, les décors ainsi que la narration paraissent à tout le moins simple. Avec toutefois cette impression d’ensemble que tout cela transporte le spectateur dans cette intrigue bien ficelée et bien présentée. Pour d’avantage attirer la sympathie sur son personnage, Alain Gomis recourt à des flash back heureux qui permettent de se demander pourquoi c’est un jeune homme bien portant, plein de vie, père de famille sans histoire, quoiqu’un peu infidèle, que le destin décide de condamner. Une question existentielle qui ramène à se demander quel sens il faut donner à sa vie. Faudrait-il vivre comme si chaque instant était le dernier ? Ou alors faut-il s’inscrire sur le long terme avec des étapes préparées à l’avance ? Un dilemme que le film n’aide pas à résoudre complètement, mais qui permet au spectateur de mieux relativiser son existence et de mieux considérer l’autre. Oui Gomis semble nous dire que quoi qu’on puisse en penser, l’autre ce n’est point l’enfer.
Tey d’Alain Gomis, avec Saul Williams, Djolof Mbengue, Anisia Uzeyman, Aïssa Maïga, 86', 2012

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