Le réalisateur
malien était au centre d’une cérémonie de reconnaissance le 21 novembre dernier
à Tunis.
Peu avant son départ de Carthage. |
Souleymane
Cissé n’est pas homme à se laisser marcher sur les pieds, encore moins à faire
des compromis. Surtout lorsqu’il est question du cinéma en Afrique. Ce continent-risée
de bien de cinéastes du Nord qui n’ont eu de cesse de le présenter sous son
mauvais jour sans qu’il ne se trouve grand monde pour leur donner la réplique
et ainsi sauver l’essentiel qui est que l’Africain est un être humain tout
simplement, et pas un sous-homme ou que sais-je encore.
Lors
de l’hommage que les Journées cinématographiques de Carthage ont tenu à lui
rendre le 20 décembre dernier à Tunis, il n’y eut pas mieux que le documentaire
que le Cambodgien lui a consacré en 1991, en pleine révolution populaire à
Bamako. Une œuvre de haute portée dans laquelle le cinéaste malien exprime son
postulat pour le 7è art et la place qui devrait être la sienne dans le cinéma
mondial.
Et
20 ans plus loin, le héros du film jure ne pouvoir avoir grand-chose à ajouter
sur ce qu’il disait en 1991. Ce qui démontre la justesse du geste de Rithy
Panh, mais aussi et surtout l’importance du cinéma pour Cissé. Lui qui choisit
cette forme d’art après avoir vu sur écran l’arrestation et l’humiliation du
leader politique congolais Lumumba. Après des études en Union soviétique, il
revient au pays où la cinématographie n’est pas la chose la mieux partagée, les
politiciens n’ayant pas compris tout le bien qu’ils pouvaient en tirer. Contre
vents et marées, il entame une carrière artistique qui le mène en eaux troubles
dès son premier projet. Den Muso qu’il conçoit et réalise le mène ainsi en
prison pour de sombre raisons pécuniaires et de paternité de l’œuvre.
Ce
qui ne le décourage point, lui dont «le cinéma est né de la violence». Et même
si au Mali, comme souvent en Afrique, le cinéma ne constitue que la portion
congrue dans le processus de développement, il s’échine au travail, fier de
montrer aux menteurs Blancs que l’Afrique n’est pas ce qu’ils ont montré
jusqu’ici. Il le fait d’autant plus qu’il est animé de la certitude que «chaque
peuple a le droit de représenter sa culture». Alors il réfléchit, peaufine des
projets qui feront date (Yeleen, Waïti, etc.). projet pour lesquels, emporté
par sa passion, il en vient à souvent négliger le scénario de départ pour se
laisser pénétrer et guider par «les intuitions» procurées par le tournages en
eux-mêmes.
Aussi,
il aime à retourner dans la brousse ou dans un environnement où il est moins
connu pour créer. En suivant son héros en son pays, Rithy Panh fait voir un
Cissé très amoureux de sa terre et des siens ; un auteur parfois incompris
mais respecté ; un perfectionniste infatigable et un optimiste à tout
crin. Des dispositions que les échanges après le film ont renforcé participant
à sacraliser ce personnage du cinéma africain qui n’était plus venu aux JCC
depuis 1988 parce que les films primés n’étaient pas diffusés en Tunisie.
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