Spécial JCC, Tunis
Avec «Mort à vendre»,
le Marocain Faouzi Bensaïdi tire la sonnette d’alarme sur la situation de la
jeunesse de son pays.
L’amitié
et l’amour, voilà deux sentiments à souhaiter à tous en temps normal. Sauf qu’à
Tétouan, une ville marocaine, mêler les deux chez les jeunes peut provoquer une
explosion. C’est en tout cas ce qui ressort du long métrage «Mort à vendre» qui
vient d’être primé à Tunis –Tanit d’argent- dans le cadre des Journées
cinématographiques de Carthage.
Un
film qui nous plonge dans le quotidien de trois jeunes ados que la vie n’a pas
particulièrement gâté. Si l’un a fait des études jusqu’au bac, les deux autres
ne vivent que par le banditisme de rue ou le vol à la tire, résignés en quelque
sorte par une conjoncture pour le moins difficile à leur égard ; eux qui
pourtant ne demandent qu’à avoir une place dans une société qui visiblement n’a
pas besoin d’eux ou ne leur offre presque rien.
Si
au moins ils pouvaient ne s’en tenir qu’à cela ! S’ajoute pour Malik le bachelier
une sorte d’amour quasi-impossible aux yeux de ses amis. Et pour cause, il s’entiche
d’une pute qui le restera malgré tout l’amour de son prince qui se dépense sans
compter au propre comme au figuré pour la sortir du pétrin qui a amené sa
dulcinée jusque dans les geôles du commissariat de cette cité portuaire. Dans sa
narration, Faouzi Bensaïdi réussit à montrer la dureté d’une cité portuaire sur
sa jeunesse. Le plus sera sans doute cet art du suspense qu’il réussit à garder
jusqu’au bout, faisant de l’avant-dernière scène, celle où Dounia trahit son
amoureux, un must significatif d’un talent certain.
Un
art du suspense qu’il faille cependant relativiser avec ces costumes qui ne
changent guère au fil du film. Surtout pour Malik, contrairement à ses deux
acolytes Allal et Soufiane. On en vient à se demander pourquoi. La leçon
principale restera qu’à vouloir profiter des biens des autres, on finit par y
laisser sa peau. Aussi, Bensaïdi semble condamner le fondamentalisme musulman
qui a poussé l’un de ses héros vers la violence gratuite. Un film à
rebondissement donc mais bien maîtrisé et révélateur du dilemme de la jeunesse
marocaine. Un film aussi qui sonne comme un appel à des politiques d’encadrement
de cette jeunesse sur laquelle repose l’avenir du Maroc.
Mort à vendre de Faouzi
Bensaïdi ; avec Fehd Benchemsi, Fouad Labiad, Mouchcine Malzi, Imane El
Mechrafi ; produit par Entre chien et loup, 2011, 117 min.
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