Rechercher dans ce blog

Pages

welcome, willkommen, bienvenue

Vous êtes chez vous ici !
Here you are at home !
Hier sind Sie zu Hause !

dimanche 25 novembre 2012

La pirogue à clichés de Moussa Touré

Spécial JCC, Tunis
Avec ce long métrage, le Sénégalais renforce l’image d’une Afrique misérable qui rêve d’Occident.
L’émigration du Sud vers le Nord, voilà une thématique que bien d’auteurs africains dans divers genres ont éculé ces 20 dernières années. Surtout depuis les lois très dures de Pasqua et Debré en France. Une thématique devenue phénomène, mais dont l’importance n’a d’égal que la volonté du Nord à faire croire qu’elle lui est préjudiciable alors même que les chiffres démontrent que la majorité des migrants africains se dirigent en premier lieu vers d’autres pays du continent.
Avec «La pirogue», le Sénégalais Moussa Touré embouche cette trompette-là. Pour une servir un film qui renforce les clichés sur l’Afrique. Un continent misérable dont la jeunesse n’aspire et ne jure que par l’Europe où elle entrevoit le paradis. Même la crise économique qui y sévit actuellement est loin de les décourager tant chacun construit des rêves et ses espoirs sur ce continent qui dans son imaginaire épouse toutes les vertus. C’est ainsi que le capitaine de cette pirogue finalement symbolique ne résiste pas bien longtemps à l’envie de faire comme les siens et de construire ainsi des plans de réussite sur la comète Europe.
Peut alors commencer un voyage que le spectateur sait périlleux du fait de l’embarcation de fortune. De ce côté-là, il n’y aura guère de suspense. Le cinéaste réalisant cependant la prouesse de bien filmer la tempête prévisible tout en mettant en exergue de manière plus qu’intéressante la tension entre les membres de l’équipage et les passagers. La même camera nous montrera aussi la résignation du groupe devant la soudaineté du danger. Danger qui confinera in fine à la mort d’une partie des voyageurs, soulevant chez le spectateur la pitié, voire la sympathie pour cette chair fraîche et jeûne livrée en pâture à une volonté de fer de s’en aller voir ailleurs.
Bien sûr qu’au passage on maudira les gouvernants des pays africains coupables de ne pouvoir construire un avenir pour leur jeunesse. Soit ! Mais le plus grave c’est que cette Afrique qui migre n’est pas la plus intelligente, la mieux formée ou la mieux préparée. A la différence de colons européens par exemple qui dans leur exode vers le nouveau monde avait l’assentiment si ce n’est le soutien de leurs dirigeants. Comme on le voit d’ailleurs ces dernières années en Angola et au Mozambique avec les Portugais. Et du coup on a envie de demander à Touré s’il ne lui était pas possible de reconstituer la trajectoire de ces jeunes qui ont réussi à aller capter le feu de la connaissance et du savoir occidental pour illuminer le monde. Chut, de cela il ne saurait en être question dans un film écrit et financé par le Nord pour la finalité que l’on sait.
La pirogue de Moussa Touré, avec Souleymane Seye Ndiaye, Laïti Fall, Malamine Dramé ; scénario de Eric Névé et David Bouchet ; produit par Les chauves souris et Astou films ; 87 min, 2012.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire