Spécial JCC
La chanteuse trinidadienne a été magnifiquement filmé
par une réalisatrice camerounaise dans un joli documentaire qui retrace son
parcours.
Pascale Obolo, la réalisatrice camerounaise |
Le public tunisois ne s’y
est pas trompé; surtout la gent féminine, elle qui à la fin de la projection
n’a pas manqué de venir échanger quelques mots avec la cinéaste camerounaise
installée à Paris. Et il y a de quoi au vu du sujet traité dans ce documentaire
d’une rare beauté. Oui pour les Tunisoises, cela leur a fait quelque chose de
voir qu’une femme a combattu le masochisme pour s’imposer non seulement dans
son pays, mais également sur la planète entière. Et cela par son seul courage
et sa seule volonté sur lesquels elle a reposé un don et un talent pour le
moins indéniables.
En suivant la reine du
calypso, ce rythme venu de Trinidad et Tobago, Pascale Obolo a fait œuvre
utile. Elle a permis ainsi aux femmes de prendre confiance en elles. Surtout
avec cette joie de vivre contagieuse qui caractérise son héroïne. Une dame qui
a souffert dans sa chair le martyre de son envie de briser la glace très
masculine du monde du calypso, avec une détermination toute particulière et un
engagement inhabituel. Et si elle vit aujourd’hui aux Etats-Unis, elle ne
manque point l’occasion de retourner dans son île natale. Où elle est reçue
avec respect, honneur et admiration par ses concitoyens ainsi que ses successeuses
dans le groove qui voient en elle une prêtresse sur qui se reposer par temps
difficile.
S’agissant de l’esthétique,
il n’a pas échappé au spectateur que la réalisatrice vient des arts plastiques
et du monde du hip hop. Son montage, ou plutôt son collage est en effet calqué
sur une superposition de fresques, comme si la vie de son héroïne n’était
qu’une palette à plusieurs puzzles. C’est original et intéressant. Surtout que
cela contribue à garder le spectateur en éveil. Le documentaire permet aussi de
mesurer la place des racines dans la diaspora. L’envie de McArtha Lewis –c’est
le véritable nom de Calypso Rose- de revenir à tout prix sur la terre d’origine
de ses aïeux où elle retrouve des senteurs et un parfum qui lui rappellent ses
rêves constitue un moment fort du film.
L'affiche du film. |
Avec ce projet aussi, la
Camerounaise a démontré également que hors des guichets français et
francophones, un salut était possible pour les artistes d’Afrique. Ce qui, il
faut le souligner, n’est pas une moindre victoire. Surtout qu’en plus de
financer la production du film, le gouvernement trinidadien s’est investi dans
sa promotion comme on a pu le voir avec le stand très animé qu’il a ouvert à
Cannes pendant le festival éponyme en maiu dernier. Vivement le prochain pour
Pacale Obolo qui mijote déjà d’autres projets.
Calypso
Rose: The Lioness of the Jungle de Pascale Obolo, Maturity Productions
(Trinidad & Tobago) / Trinidad & Tobago Film Company / Traces Tropical,
2011, 52 et 85 min.