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mardi 3 juillet 2012

Sacré Ambroise Mbia !


Le monstre du théâtre africain n’a pas failli à sa réputation à l’occasion de son retour sur scène. Retour sur trois soirées …

Les lendemains de guerre civile sont insoutenables. Les blessures récentes, souvent encore ouvertes ne semblent pas vouloir se refermées de si tôt. Cela bien sûr dans les deux camps, sans doute pas avec les même proportions, mais avec la même acuité. Dans le camp des vainqueurs qui doivent donner un sens à leur «victoire» tout en repensant un nouveau vivre ensemble, la tâche est loin d’être aisée comme on pourrait le penser à première vue. Le magnifique texte «La femme et le colonel» du Congolais Dongala le montre à suffisance. C’est du moins ce qu’a laissé paraître la représentation que le Tchadien Vangdar Dorsouma a bien voulu partager avec le public de Yaoundé trois soirées durant à l’IFC à l’occasion du cinquantenaire du comédien camerounais Ambroise Mbia.
Oui, Ambroise Mbia a renoué avec les planches en juin dernier comme prévu depuis de longs mois et avec une gourmandise et un aplomb que l’on ne lui connaissait plus. A la fin de la dernière représentation, il s’en est même trouvé des spectateurs qui ont balancé à l’encan qu’il avait de beaux restes. Un doux euphémisme qui en disait long sur ses prestations successives dans une mise en scène qui ne s’est pas embarrassée d’une quelconque recherche, préférant ne pas prendre de risque pour ce moment somme toute critique d’une figure qui aura traversé le théâtre africain de ses talents multiples.
Ce qui restera en effet de ces représentations seront les performances scéniques des deux comédiens principaux. En premier lieu la Béninoise Florisse Adjanohum, bien connue des spectateurs camerounais et qui aura une fois de plus été à la hauteur de son personnage et de sa réputation. Cela aussi bien à travers sa diction impeccable que les mutations liées à la tension dramatique. On a beau dire qu’elle jouait cette pièce pour la nième fois, il n’en demeure pas moins que chaque représentation constitue un défi qu’elle a mis un point d’honneur à relever avec une dextérité artistique particulière qu’il faut saluer. Le héros du jour a pour sa part été égal à lui-même. Donnant parfois l’impression que le boulot était facile. Concentré, déterminé et plus que motivé, il a ému le jeune public et rassuré celui de sa génération. Sur ce qu’il a montré, il gagnerait sans doute à ne pas délaisser les planches tant son jeu a paru juste, quoique mesuré.
Le metteur en scène, en plus d’avoir choisi de sucrer une bonne partie du texte a échaudé plus d’un. L’on a ainsi pas compris que le passage sur le déshabillage complet ou presque du colonel n’ait pas trouvé grâce à ses yeux, ce qui aurait par ailleurs accru la tension dramatique. On pourra aussi lui reprocher d’avoir opté pour une mise en scène classique là où l’histoire permettait une plus grande variation. La vieille école diront ses contempteurs qui ne manqueront pas au passage de signaler sa révérence pudique dans les coupes du texte. Travail qui aura cependant eu le mérite, quoique la régie manqua par moment de créativité, de restituer une situation quasi réelle avec une charge émotive certaine.


S’agissant de l’histoire, Dongala campe la rencontre d’une veuve violée d’avec son bourreau. Bourreau qui a usé de sa position dans la hiérarchie de l’armée pour piller, tuer et surtout violer à tout va. Et qui 10 ans plus loin ne reconnaît pas l’une des nombreuses victimes à qui il a administré un viol cinglant avant de faire brûler ses mari et fils. Mû par son instinct de violeur, il ne voit face à lui dans la confrontation qu’une nouvelle proie qui lui permettra de mettre en épreuve sa fameuse théorie qui veut que «chaque fois (qu’il) tire un coup (il) sauve des vies». Une fois face à la vérité venue à découvert, il redevient lui aussi une victime devant la femme. Avec ce texte, Dongala a sans doute voulu magnifier le pardon féminin ainsi que la réconciliation nécessaire après les tueries de la guerre civile. Rappelons que l’ouvrage est paru en 1996, c’est-à-dire à la fin d’une première guerre civile due aux hoquets de la démocratie et l’élection du de Pascal Lissouba au Congo. Un cri qui ne fut malheureusement pas entendu comme allait le démontrer la 2è phase qui allait permettre à Sassou Ngusso de reprendre la main et le pouvoir avec ses soutiens français laissant sur le carreau des hordes de Congolais humiliés et tués durant des mois.
La femme et le colonel d’Emmanuel Dongala, mis en scène par Vangdar Dorsouma et Elise Mballa Meka, avec Ambroise Mbia, Florisse Adjanohoun et Ousmanou Sali, scénographie d’Alvarez Dissaké, costumes de Blaz Design, régie de Maurice Essomba

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