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jeudi 5 juillet 2012

Arne Pohlmeier: Il y a une vraie discipline de travail ici



Le metteur en scène allemand fait le point sur l’atelier qu’il a animé avec son compatriote Rolf Hemke et le Camerounais Martin Ambara au laboratoire de théâtre de Yaoundé OTHNI en juin dernier sur le projet d’adaptation des «Brigands» de Schiller.

Comment avez-vous découvert le Cameroun ?
J’ai découvert le Cameroun avec les yeux d’enfant. Mes parents ont travaillé ici, du côté de Bafoussam où nous avons passé quelques années. J’ai donc vécu ici de deux ans à quatre ans et demie à peu près. Mais toute ma vie durant, les premiers souvenirs du Cameroun étaient très forts et je souhaitais garder –je ne sais pas pourquoi- cette connexion avec votre pays. Cela malgré que ma famille a voyagé sur plusieurs continents. J’ai d’ailleurs passé la plus grande partie de ma vie aux Etats-Unis. Pendant tout ce temps, il ne m’était pas arrivé de revenir au Cameroun, jusqu’à il y a deux ans quand je suis revenu à trente deux ans et étant déjà metteur en scène. Une occasion qui m’a permis de rencontrer mes pairs et d’entamer un dialogue avec le Cameroun.

Quels furent donc les premiers contacts qui vous ont permis de revenir cette année pour un projet artistique ?
Le contact le plus important a été celui avec Martin Ambara que j’avais en son temps rencontré à une soirée chez l’attaché culturel de l’ambassade d’Allemagne ici à Yaoundé. Nous avons discuté et sympathisé, puis il m’a invité à son laboratoire ici à l’OTHNI. J’ai alors senti en lui un homme de théâtre qui est vraiment un artiste, qui investit dans le théâtre, qui réussit à travailler dans le théâtre professionnellement et qui a une perspective artistique proche de la mienne. C’est alors que j’ai pensé qu’un rapport professionnel pouvait exister entre nous. Malgré que j’avais un autre projet à réaliser sur le Cameroun, je me suis dit qu’il fallait revenir chez vous pour faire la connaissance du travail existant ici. J’ai alors pensé que l’organisation et l’animation d’un atelier avec les comédiens à l’OTHNI pouvaient constituer la meilleure formule pour connaître le niveau de travail ainsi que la qualité des artistes d’ici. Je m’en suis ouvert à Mme Bark, la directrice du Goethe Institut Kamerun ainsi qu’au dramaturge allemand Rolf Hemke et c’est ainsi que peu à peu nous avons peaufiné ce projet des «Brigands» de Friedrich Schiller.

Vous êtes donc revenu deux ans plus loin pour travailler avec les comédiens et metteur en scène camerounais dans une adaptation partielle de cette pièce célèbre. Pourquoi d’ailleurs avez-vous porté votre choix sur ce texte fondamental du théâtre allemand ?
Moi je voulais trouver un texte allemand, sortir un peu de Shakespeare que je butine assez souvent à Londres où je suis basé. «Les brigands» c’est un texte qui me plaît et je croyais qu’il y avait là matière à travailler et à explorer dans le cadre de ce projet de dialogue entre le Cameroun et mon pays. Ce n’est pas qu’on a choisi ce texte pour faire un commentaire politique sur le Cameroun ou autre chose dans le genre, loin de là.

Et pendant les trois semaines d’atelier, comment avez-vous travaillé ?
Rolf Hemke et moi sommes arrivés la première semaine pour travailler avec Martin Ambara et les comédiens. Rolf avait fait une sélection du texte sur laquelle on allait travailler qui concerne seulement les brigands. Ce qu’il faut dire c’est qu’ le texte comporte plusieurs intrigues que nous avons préféré laisser de côté pour focaliser uniquement sur les brigands. Dans un premier temps, nous avons écouté les comédiens sur leurs expériences avec les bandits et les brigands. Rolf a ensuite constitué une équipe avec laquelle il a travaillé à l’adaptation du texte allemand, traduit en français, en parler camerounais contemporain. Martin de son côté avec une 2è équipe travaillait sur la structure rythmique, musique et chant, pendant que moi je travaillais sur les tableaux et le côté physique de la pièce.

Le rendu de mon point de vue a été intéressant et l’on a du coup envie de savoir ce qui va se passer maintenant et demain s’agissant de ce projet. Y aura-t-il une 2è, voire une 3è phase ?
La 2è phase consistera en des répétitions pour une production ici à l’OTHNI, voire une tournée au Cameroun et même au-delà. Et dans ce cas là, il nous faudra trouver le moyen d’allonger le spectacle en le portant d’une à deux heures environ.

Comment avez-vous trouvé l’ambiance de travail et l’environnement artistique durant votre séjour ?
Je dois dire que c’est vraiment exceptionnel. Je dois dire qu’ici à l’OTHNI il y a une vraie discipline de travail. Par exemple on commençait tous les jours à 10h au complet, déjeunions ensemble et terminions la journée toujours au complet, même lorsque nous prolongions les séances jusqu’à 22, voire 23h. Il y avait également une bonne ambiance collective avec les comédiens. Ce qui m’importait moi c’était la vraie collaboration, car je ne suis pas un metteur en scène qui vient avec toutes les idées pour les imposer aux comédiens. Qui plus est ce projet était basé sur une adaptation dans un parler camerounais. Il y avait donc de la place pour les comédiens qui devaient apporter quelque chose d’eux-mêmes pour le projet. Et les comédiens ont ainsi eu la latitude de faire des propositions que Rolf, Martin et moi étions chargés d’examiner avant de trancher.

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