Théâtre
La prof et son bourreau dans un final de feu. |
Avec
cette première mise en scène au Cameroun, la Française Solaïma Arabi fait
une incursion remarquée dans le théâtre noir de Koffi Kwahulé. Ames sensibles,
passez votre chemin.
Imaginez une prison avec une cellule de
huit femmes. Des femmes fortes à leur manière car ayant dans un passé pas
lointain été coupables de meurtres qui les ont directement conduites, sans
rémission, vers ce bagne où les jours sont loin d’être tranquilles. Dans ce
repère problématique, elles doivent pourtant se mettre au théâtre. Pas celui de
leur vie passée ou actuelle, mais celui de la gaîté et de la joie de vivre.
Entraînées par une prof dont le destin, dès le départ de la pièce est voué à
une fin triste.
Mais avant de parvenir à quelque
représentation, le spectateur sera saisi par les mobiles des meurtres
successifs des prisonnières. Cela au moyen d’un jeu que les comédiennes ont
joué jusqu’au bout, réussissant au passage à rendre le spectateur transi par ce
qui apert comme un sort à elles jeté, elles qui ne demandaient pourtant qu’à
vivre et à aimer. C’est là un point positif que la metteure en scène française Soleïma
Arabi, que l’on connaissait jusque là comme animatrice culturelle de l’IFC avec
un fort penchant pour le théâtre néanmoins, a réussi à mettre en exergue dans
un numéro qui gagnerait cependant à être raccourci. Les filles, pour la plupart
connues des théâtreux de Yaoundé, ont donc sorti leurs tripes, puisé au fond
d’un bagage artistique qu’on ne leur soupçonnait guère des ingrédients bien à
propos pour rendre leur présence scénique saisissante.
Sauf que la longueur de la pièce -150
min pour la première à l’IFC et 10 min de moins pour la suite- ne les a pas
beaucoup aidées. Leur jeu d’ailleurs suggère fortement que des pans entiers
soient économisés pour les dates futures. Ce qui permettra non seulement de
mettre ces performances d’ensemble bien en exergue, mais aussi de les fatiguer
un peu moins, vu que cette lecture du merveilleux texte de Koffi Kwahulé
requiert un rendu scénique très physique, un peu dans la lignée d’un Grottowski
auquel le Camerounais Martin Ambarra a habitué les spectateurs de Yaoundé.
Arabi pourrait également revoir la lumière et, pourquoi pas, entrecouper les séquences,
de l’air bienheureux d’un Theolonius Monk qui s’arrête à l’ouverture du
spectacle.
Un Kwahulé qu’Arabi aura su cependant
rendre en prenant moins de liberté avec le texte et en disciplinant bien les
actrices quoi que la scénographie demande encore à être peaufiné comme on a pu
s’en apercevoir lors des soirées à l’OTHNI où les espaces sont plus réduites.
Pour le reste, ce fut un véritable plaisir qui a permis par ailleurs de
s’interroger sur la vie quotidienne où l’amour des femmes peut conduire à des
excès dommageables pour peu qu’elles ne soient pas comprises.
Edith Nana dans un solo remarqué. |
Misterioso 119 de Koffi Kwahulé, par les Cies Ngoti
(Cameroun) et Ici, Là-Bas et Ailleurs (France), MS de Soleïma Arabi, avec
Clémentine Abena Ahanda, Jeanne Mbenti, Marlyse Menye, Edith Nana Tchuinang,
Charlotte Ntamack, Hermine Yollo, Nicaise Magloire Wegang, Meli Doris, Becky
Beh ; régie de Roméo Nsem.
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