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mardi 22 novembre 2011

Lectures

Télévision

Heureux qui comme Drucker…

Dans son autobiographie, le célèbre animateur donne des recettes pour durer et donner toujours du plaisir au public.

Les sages, c’est bien connu, ont le langage simple mais profond. Ils parlent avec détachement et pour qui les suit, leurs paroles résonnent jusqu’au plus profond de l’être pour finalement contribuer à transformer notre rapport au monde et la manière dont nous nous comportons dans la vie de tous les jours, y compris sur notre lieu de travail. De Drucker, le téléspectateur lambda du Cameroun connaît sans doute quelques émissions qui arrivent dans nos foyers grâce à la magie du câble. Les plus curieux de ce qui se passe en France sont sans doute au courant de ses relations pour le moins troubles avec notre compatriote Calixte Beyala dont l’un des derniers épisodes a fait les choux gras là bas et même ici.

De cela, il n’est question à aucun moment dans ce «Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ?» qui se veut en gros une sorte de Mémoires d’un géant de la télévision française qui au bout de plus de 40 ans de pratique n’est pas prêt de prendre sa retraite de la lucarne. Un Drucker dont la vie d’enfance aura été tout sauf un long fleuve tranquille. Non seulement parce que son père, juif roumain, et sa mère originaire d’Autriche étaient des étrangers et ont souffert des affres du nazisme, mais aussi et surtout parce que le jeune Michel a souffert du martyre de son père. Un médecin de campagne qui voyait en ses enfants des forts en thème et des élèves brillants.

Ses deux frères y parviendront. Pas lui qui était ainsi obligé de «travaille(r) deux fois plus que les autres pour (s)’adapter, (s)’intégrer, digérer». Il quittera donc la France profonde pour Paris où il découvrira au contact des monstres de la télévision française du début des années soixante comme Léon Zitrone que l’image était ce qu’il lui fallait. Il y mordra donc comme un jeune dans une tranche de pastèque, attrapera le virus qu’il traîne toujours avec un plaisir qu’il a su au fil des décennies transmettre à des téléspectateurs différents.

A tel point qu’aujourd’hui, il parle avec autorité et dégaine quelques vérités que ses contemporains de là-bas et même d’ici feignent de ne pas savoir ou d’oublier : «l’un des gros dangers de nos métiers est de penser avoir droit au même statut que ceux que nous présentons» ; «L’animateur n’est pas un créateur. Il ne laisse rien, sinon un flot d’images qui un jour seront recyclés» ; «Faire la télévision est un métier de modestie» ; «La télé voyeuse, celle qui lorgne par le trou de la serrure, celle qui fait son beurre de la détresse morale, de la misère sexuelle, celle qui filme les désœuvrés de la télé-réalité comme des rats de laboratoire, ne sera jamais la mienne».

Alors refus de s’arrimer à son temps ? Que non ! Simplement une question de pudeur et d’attachement aux valeurs de la France profonde, lâche l’animateur. Qui met en garde au passage ses confrères ainsi que les producteurs de shows télévisés contre «la dictature de l’émotion».

Au final, une somme qui démontre au fil des pages le bonheur de Drucker pour son métier qui consiste de son point de vue à rendre les gens (public, techniciens et invités) heureux. Un bonheur qu’il faut savoir cependant entretenir à travers des exercices physiques bien réglés (eh oui !) puisque «Faire la télévision est devenu un sport de haut niveau». Aussi, tout animateur digne de ce nom se doit d’«ignorer l’argent ou du moins ses excès». C’est avec cela que l’on atteindra la vérité du métier qui est que nul n’est indispensable car «La seule vraie vedette de la télé, c’est la télé». A bon entendeur…

Parfait Tabapsi

Michel Drucker

Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ?

Paris, Robert Laffont,

Novembre 2007, 322 pages

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