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jeudi 6 mars 2014

Chapitre trois: merci Michel Ndoh

Carnet de route

Rencontres professionnelles au CCF.
L’Afrique fourmille de projets aussi inventifs les uns que les autres. Hier au Centre culturel français d’Abidjan (CCF), leurs porteurs les ont présentés dans le cadre de la bourse des projets du MASA. Autour du promoteur des Récréâtrales Etienne Minoungou qui faisait office de modérateur, ils sont venus de tous les coins du continent pour échanger avec le public d’artistes, d’expert et de curieux. Avec en ligne de mire le désir affirmé de «créer des liens et provoquer des intéressements», comme n’a pas manqué de le répéter Minoungou dont la tâche a été facilité par le respect du timing des orateurs qui ont aussi pris le temps de répondre aux questions dans la foulée avant de continuer les échanges en off.
Parmi les panélistes du jour, il y en avait qui provenaient des institutions internationales, des Etats et bien sûr du secteur privé. Et même si la conjoncture économique et sociale a souvent constitué une pesanteur lancinante, de les voir ici a démontré par l’exemple que l’Afrique créative n’était pas morte et que l’avenir n’est pas forcément sombre. Au cours des échanges, d’aucuns en ont profité pour rectifier leurs orientations ou pour les affiner. Pour ma part, je suis reparti la tête bourdonnante, mais heureux. Surtout qu’au Congo se prépare, à en croire le directeur des arts et de la culture de ce pays-là, un gigantesque projet de soutien à la créativité au travers de la mise sur pied d’une cité de la musique ainsi que du soutien aux initiatives privées comme le festival Mantina sur scène du metteur en scène Dieudonné Niangouna qui a récemment fait mouche au festival de théâtre d’Avignon avec son spectacle de cinq heures intitulé Schéda. Un projet qui pourrait inspirer le Cameroun voisin
A la fin des échanges, je me suis entretenu avec quelques experts avant de prendre la direction du village du festival en compagnie de ma célèbre compatriote Were Were Liking auprès de qui m’avait introduit quelques temps plus tôt le grand frère Michel Ndoh, ancien manager à l’espace Ki-yi et actuellement président de l’association Sandja au Cameroun où il milite pour une plus grande résonance et prise en considération des arts. Avec lui, je suis d’ailleurs fortement impliqué dans les activités du REPAC qui porte le festival Le Kolatier dont le dernier exercice a été plus que concluant en novembre dernier à Yaoundé.
Au village, nous avons pris notre déjeuner avant de prendre la direction de Rivera II dans le quartier de Cocody. Là-bas, j’ai découvert –enfin !- le village Ki-Yi Mbock. Que j’ai visité avec une gourmandise certaine, accompagné que j’étais par la reine mère en personne. J’y ai vu un petit musée où les tableaux de Were Were côtoyaient les sculptures provenant de différents pays d’Afrique. J’y ai vu une salle de spectacle d’une profondeur et d’une hauteur répondant aux normes internationale, avec une capacité de 250 places environ réparties sur un orchestre et un balcon. Les résidences d’artistes n’étaient pas en reste. Tout comme le petit amphi qui sert aux répétitions et autres créations. Puis, je me suis entretenu avec la maîtresse de céans qui, bien que devant jouer dans moins de deux heures, a accepté de me parler de cette initiative qui a pu défier une guerre terrible dix ans durant avant de songer à un nouveau départ avec pour locomotive la célébration de son trentenaire cette année.

Reines mères et spiritualité
Le hasard du calendrier aidant, j’ai foncé vers l’ancienne mairie du quartier une fois le visionnage d’une vidéo sur l’œuvre de la Fondation Ki-Yi terminée. Où les spectacles au programme ont pris du retard à l’allumage. Vers 22h, les reines mères (Were Were Liking et Nserel Njock) ont pu enfin monter sur la scène. Pour un show musical à couper le souffle. Où l’assiko camerounais répondait en écho au ziglibiti ivoirien avant de céder la place à la fusion et uu jazz. Pour moi qui voyait were Were sur scène pour la première fois, ce fut à la fois un émerveillement et un régal. Elle dont la musique et le chant transpirent un magnétisme et une spiritualité qui vous transportent dans une Afrique traditionnelle dont le parfum n’irradie que rarement jusqu’à la ville. Cerise sur le gâteau, les reines mères rappent et dansent comme personne, avec une énergie de jouvence, et sanglées dans un costume traditionnel sobre mais imposant. Oublié le poids de l’âge et les difficultés d’une vie parfois tumultueuse mais toujours exaltante. Un moment de pur bonheur pour moi et un signe que décidément le Cameroun est une mère qui a toujours su engendrer des artistes variés et hors du commun.
Lorsque vers une heure du matin Tonton Michel nous a raccompagnés, Monique et moi, j’ai senti comme un appel de l’Afrique profonde à toujours poursuivre cette voie de donner voix aux arts africains, seuls capables de permettre au continent berceau de l’humanité de redorer un blason terni par des conjonctures inextricables et finalement fatales pour sa dignité et le rang qui devraient être les siens. En me levant ce matin, j’ai pris conscience de ce que la voix africaine ne doit jamais se taire. Et même si les couacs n’en finissent plus de se multiplier sur cette terre hospitalière, nos arts et notre culture continueront de constituer le ferment du salut mondial. En ce sens-là, que le MASA ait pu trouver les ressources de repartir ne peut que constituer une bonne chose. Certes l’allumage a eu du mal à prendre mais le plus important finalement n’est-il pas que cet esprit de l’expression artistique tous azimuts en ce lieu meurtri par la folie des hommes soit effective et contribue à ouvrir les yeux sur les possibilités nouvelles à ce pays où nombre d’artistes continentaux ont affiné leurs armes avant de prendre d’assaut la scène mondiale ? Question à un franc que chacun peut méditer.

A demain !

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