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vendredi 7 mars 2014

Chapitre quatre: gloires d’antan

Carnet de route à Abidjan

Le groupe de papys maliens Super Biton.
C’est avec les sonorités bienveillantes du crooner Bailly Spinto que je me suis endormi ce matin vers 1h. De voir ce papy se déhancher sur la scène du village du festival sis à l’espace lagunaire m’a fait plaisir. Surtout que sa voix n’a pas pris de ride, tout autant que ses mouvements de scène. Son costume bleu pétrole bien mis, ses lunettes de soleil et son couvre-chef penché sur son bord droit lui donnaient une allure d’éternel adolescent. Sa voix de baryton m’a transporté dans l’univers ivoirien où les consonances imbibées des cultures musicales d’Afrique ont dans le passé pris racine et parfumé les compositions de céans. C’est du moins le sentiment qui a été le mien en écoutant ces anciennes gloires d’ici que les organisateurs du MASA ont souhaité mettre en relief. Pour le plus plaisir des fans. Qui ont chanté avec leurs artistes à en perdre la voix tout en se trémoussant pour le plus grand bonheur de ces étoiles dont les radiations jusque-là semblaient s’être éteintes pour toujours. Et ce n’est pas Daouda Koné dit «Le sentimental» qui pensera le contraire ; lui dont les trois chansons du soir ont été reprises presqu’au pied de la lettre par un public conquis et joyeux.
Hier au village, j’ai enfin vu des Ivoiriens vraiment heureux. Passé les doutes des premiers jours également, la mayonnaise du festival est en train de prendre tout doucement. Attirant toujours plus de foule au village. Hier elle était très imposante comparée aux soirs précédents. Etait-ce dû au passage de la première dame Dominique Ouattara ? Question sans doute domestique mais pas bête.
Hier après-midi, j’ai assisté dans l’amphithéâtre de la bourse du travail inauguré en 1971 au spectacle de danse de Simon Abé. Une proposition artistique qui a glacé plus d’un et donné à réfléchir sur le continent par ces temps de guerre tous azimuts çà et là. Avec Jusqu’à quand ? en effet, le danseur a osé la question de l’identité africaine en cette ère de mondialisation. Allons-nous continuer à être la parfaite marionnette de ces empereurs des temps modernes qui nous vendent l’ouverture à l’autre pour mieux nous détruire, ou à tout le moins détruire la part humaine distinctive qui est en nous ? Question philosophique certes mais capitale, surtout en ce pays qui court après une réconciliation qui multiplie les ruses pour le fuir. L’anomie qui semble avoir fait son lit sur le continent horripile tant le danseur qu’il a convoqué dans son parcours chorégraphique des images des leaders politiques d’hier qui ont tant travaillé pour que l’Afrique reste debout avant d’être sacrifiés par leurs propres frères soutenus par qui on sait. Avec pour résultat le chaos qui semble se prolonger au fil des années. En sortant de la salle, je me suis mis à psalmodier des mots de courage, un peu dans le genre que convoqua jadis Stallone dans le personnage de Rocky lors de la bataille avec Dolph Lundgreen dans un des épisodes de cette saga américaine qui n’a jamais quitté ma mémoire. En 45 min, Abé a frappé les esprits et les chœurs du public présent par une proposition à la fois simple et profonde.

Avec Were Were et Michel Ndoh.
Infrastructures
Hier, j’ai croisé Were Were Liking à nouveau dans le village. De la voir ainsi sollicité par des gens de tout âge m’a ému. Elle a accepté de partager notre table et a pu finir son assiette malgré les sollicitations à n’en plus finir. Elle nous a invités à son spectacle dans une commune que nous ne connaissons pas et j’ai été obligé poliment de décliner cette invitation du fait des poches vides, l’organisation n’ayant pas songé à nous proposer de faire le tour de la dizaine d’autres scènes parsemées dans la capitale. Ce qui est bien regrettable. Parlant de scène justement, celle que j’ai vu la veille à Cocody m’a fait penser au Cameroun. Surtout en cette heure où le ministère de la Culture a choisi d’acheter du matériel de sonorisation alors même qu’il n’y a pratiquement pas de scène dans le pays, excepté peut-être le palais des congrès de Yaoundé. De voir une commune disposer d’une scène ouverte démontable de ce niveau parlait plus que tous les discours sur l’investissement dans la culture par l’Etat.
Hier j’ai croisé le journaliste-écrivain Venance Konan dans le hall de notre hôtel. Accompagné d’un garde du corps, le directeur du quotidien gouvernemental que je suis allé saluer m’a un peu fait pitié. De le voir ici en attente d’un journaliste de RFI alors même qu’il a tout un bureau ne me semble pas correct. Quand allons-nous continuer à nous laisser huilier de la sorte ? Imagine-t-on le directeur du Monde allant à la rencontre du même Konan dans un hôtel parisien ? Si au moins il s’agissait de son homologue parisien, c’eût été compréhensible. Mais bon…

A demain ! 

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