Cheick Tidiane Seck. |
Carnet de route à Abidjan
Moi poule mouillée ? Peut-être.
Hier, je suis rentré plus tôt à l’hôtel. C’était dans les coups de 23h et alors
que le héros du soir Alpha Blondy n’avait pas encore monté sur scène. La faute
à une sorte de paranoïa qui s’est installée en moi à la vue du dispositif
sécuritaire auquel cette dernière soirée avait donné lieu. Les policiers
avaient en effet investi l’esplanade du Palais de la culture. S’y trouvaient
également les gars de l’armée, tous armés de fusils bien en évidence. Alors
j’ai pris peur alors que mon métier m’enseigne le contraire. Mais comment faire
autrement quand toute la semaine durant j’ai bien observé que la paix des cœurs
n’était pas encore la chose la mieux partagée ici ?
Mais avant de rentrer, j’ai vu nombre
d’artistes de talent. A commencer par le doyen Cheick Tidiane Seck et son
groupe. Après avoir regardé et écouté nombre de ses prestations, dont le
dernier lors du concert de son ami Manu Dibango à Würzburg en RFA l’année
dernière, j’ai savouré les trois thèmes qu’il a proposés. Son jeu de piano et
son adaptation aux écritures musicales contemporaines ne m’ont certes pas
surpris, mais de le voir là en vrai m’a plu. Journée de la femme oblige, elles
étaient nombreuses les chanteuses africaines à défiler sur les deux scènes
apprêtées pour cette clôture. Qu’il s’agisse de la Burkinabé Steelbee ou de la
Malienne Miriam Koné, toutes ont assuré. Tout comme Saintrick qui a essayé avec
quelque succès de mettre le feu. Pour cette première partie de la soirée, un
groupe venu du Maroc a partagé la musique gnawa avec le public avant d’en exécuter
une variante très cadencée qui a soulevé les mélomanes qui avaient envahi cette
esplanade finalement étroite.
Devant l'hôtel en chantier. |
En sortant de cet espace, j’ai encore
plus pris peur avec les échauffourées à l’entrée. Situation maîtrisée mais qui
pouvait dégénérer à tout moment. De retour à l’hôtel, j’ai allumé la télé pour
constater que le show était diffusé mais avec un léger différé. J’ai alors
entamé la lecture de quelques articles du magazine Mosaïques en cours de
production. Et lorsqu’Alpha Blondy est finalement apparu, j’étais si fatigué
que j’ai pu à peine voir deux morceaux. J’ai eu le temps tout de même de voir qu’une
liesse sans pareille avait pénétré les lieux. Ce qui finalement constituait
pour moi la meilleure image de cette 8è édition qui aura apporté son grain de
sel au processus de réconciliation d’un peuple qui a connu les affres d’une
guerre dont il aurait pu se passer. Au diable si DJ Arafat, annoncé mais
finalement absent, car le public a bien reçu les invités du soir et répondu
massivement à l’occasion.
Avec Queen Etémé. |
Fatigue
La journée d’hier, je l’ai passé pour
l’essentiel à l’hôtel aux prises avec la fatigue. J’en ai profité pour régler
quelques affaires courantes au pays et esquisser le rendu final de ce MASA dans
les colonnes de Mosaïques. J’ai également reçu la visite d’un chercheur en
littérature négro-africaine en la personne d’Adama Mansaké qui coordonne actuellement
un ouvrage collectif sur Mongo Beti ici en Côte d’Ivoire et qui n’a pas manqué
de me faire savoir que l’écrivain camerounais avait été un visionnaire comme
l’attestent ses œuvres. Je suis allé ensuite au QG retirer mes frais de visa
avec Monique. Elle en a profité pour se faire examiner par l’équipe médicale du
festival. Avant d’aller au concert, j’ai croisé Queen Etémé en partance pour
Grand Bassam où elle devait participer à un concert de jazz comme la soirée
précédente. Un événement accolé lui aussi au MASA. Elle a déployé tous les
trésors de persuasion pour m’amener à y aller. Sauf que je ne pouvais prendre
le risque de sortir d’Abidjan sans informer le comité d’organisation. Une
erreur fatale pour un journaliste étranger si jamais survient un quelconque
pétrin ou pépin.
J’ai fait un tour avant la fermeture
au marché de Treichville pour acheter quelques souvenirs pour ma famille. J’y
ai croisé un Mandingue de bon cœur qui a comblé mes attentes vu mes ressources
financières.
A demain !