Musique
Brice Wassy (à gauche) et JJ Elangué. |
C’est en face du New Morning, antre du jazz par
excellence à Paris, que nous avons rencontré, en ce mois d’octobre 2013, les
deux piliers du Kelin Kelin Orchestra (KKO). Brice Wassy et Jean-Jacques
Elangué nous avaient en effet donné rendez-vous ici au lendemain de deux
soirées magnifiques au Baiser Salé, quelques stations de métro plus loin la
semaine précédente. Où nous avions alors découvert en live la prestation d’un
band d’une dizaine d’éléments monté par les deux compères en 2011. Plus
précisément depuis le 17 novembre et la première répétition.
C’était alors le début de l’accomplissement d’un rêve
pour le batteur Wassy. Qui après avoir presté sur les scènes du monde avec les
plus grands (Manu Dibango, Salif Keita, notamment) et sur trois décennies
nourrissait un vieux projet : monter une mayonnaise musicale à travers des
instrumentistes de haut vol pouvant revisiter les standards africains à la
sauce africaine. S’il commença avec African Rythm Orchestra pour quelques
années, c’est visiblement avec ce KKO qu’il semble se rapprocher au plus près
de son rêve. Une sorte d’aboutissement qu’il doit en grande partie au
saxophoniste Elangué. Qui a répondu à l’appel de son aîné «une fois que j’avais
senti que j’étais prêt pour cette nouvelle aventure». Ce qui ne fut pas une
mince décision pour celui qui a également bourlingué avec les plus grands du
continent, et qui s’apprêtait à prendre l’avion le lendemain de notre rencontre
pour l’Amérique du Sud dans le cadre d’une tournée avec le Nigérian Tony Allen,
le dépositaire rythmique de l’afrobeat depuis la mort de son concepteur Fela.
La tête de pont ainsi constituée, restait à trouver
l’équipage de ce nouveau voyage. Avec pour feuille de route l’idée d’un big
bang à forte coloration africaine. «On souhaitait trouver des musiciens non
pour faire du classique, mais qui pouvaient s’adapter à cette nouvelle
écriture, chacun avec son instrument. Qui pouvaient contribuer à réinventer les
sonorités traditionnelles de chez nous et explorer nos imaginaires», précise
Elangué. Un peu dans la lignée des grands orchestres qui firent par le passé
honneur à l’Afrique comme le Mbebeya Jazz de Conakry ou le OK Jazz et l’African
Jazz de Kinshasa. D’emblée, le recrutement pouvait paraître aisé en ce Paris où
les musiciens au sang africain foisonnent. Sauf qu’il fallait convaincre ceux
qu’on avait sélectionnés au préalable et jauger leur goût pour l’aventure. Au
bout de moult rencontres, une équipe s’est dégagée malgré quelques pointures
ayant refusé la proposition.
Depuis plus d’un an maintenant, cette joyeuse bande parcourt
les festivals en France. Où elle distille une musique où les cuivres ont
l’occasion de se déployer sur des rythmes africains, et même souvent de la
diaspora noire. Elle qui revisite les standards du continent. Avec au bout
l’objectif de «Créer, entre la modernité présumée et le patrimoine enfoui, une
passerelle où l’on aurait une autre manière d’écouter une Afrique qui sait d’où
elle vient et n’a pas fini d’être moderne !», explique Wassy. A voir
l’engouement du public lors de leurs sorties, le pari est en passe d’être
gagné. Quoique la locomotive pense que le satisfecit ne sera complet qu’avec
une reconnaissance sur les terres d’Afrique. C’est ici le lieu de préciser que
le projet Kelin Kelin Orchestra va au-delà de la scène pure. «En étant dans la
transcription des standards, explique Elangué, nous voulons également faire
savoir que la transmission nous tient à cœur. Nous avons ainsi prévu un côté
académique qui se décline en workshops et ateliers sur le continent avec des
musiciens du cru». Histoire de partager en plus de la musique une expérience
épaisse et valeureuse. Wassy ajoute qu’ils sont également prêts à travailler
avec des fanfares qui pullulent sur le continent, car «une passerelle est
possible et peut donner des étincelles».
Constitué d’une section cuivre de sept éléments ainsi
que d’un batteur, d’un percussionniste, d’un pianiste et d’un bassiste, le KKO
voudrait s’exprimer sur la terre d’Afrique pour peu que de bonnes volontés
décident de lui ouvrir leurs bras. Si des vidéos sont disponibles sur la toile,
le groupe prépare un album pour très bientôt, car «c’est un passage obligé pour
toucher plus de monde». En attendant, les scènes festivalières autour de Paris
dégustent avec un certain appétit cette nouvelle proposition qui donne à voir
une Afrique nouvelle.
Parfait
Tabapsi à Paris
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