Concert musique
Le bassiste
et compositeur de génie a gratifié le public de Yaoundé d’un spectacle de haut
niveau malgré les insuffisances de l’organisation.
Cette année encore, elle a remis ça ! Après une
première inaboutie en 2013, l’association Trait d’union a une fois de plus mis
à contribution Richard Bona. Pour deux dates à Douala et à Yaoundé. Qui ne
resteront pas dans les annales, surtout pour la 2è date qui aura souffert des
mêmes tares que le concert de l’année dernière dans la même salle du Palais des
congrès pris d’assaut par des mélomanes plutôt sages. Tenez donc, cette fois
encore, l’on a eu droit au retard camerounais de près de deux heures. Et comme
si cela ne suffisait pas, l’acoustique a encore fait un malheur, pas du même
acabit que la dernière fois, mais au point que le guest du jour a dû faire
savoir son courroux en suppliant les autorités de faire en sorte que lui et ses
pairs n’aient plus à essuyer pareille frustration les prochaines fois, eux qui
adorent venir jouer au bercail à la première occasion ou presque.
A part cela, et ce n’est pas mince, l’on eût droit à un
Bona des grands soirs. Un enchanteur qui a su pénétrer les cœurs avec son jeu à
partir d’un répertoire connu. Pour cette fois, le public venu nombreux, eût
droit à une déclinaison latino que Richard butine depuis son premier opus en
199. Entouré de six musiciens (deux cuivres, un keyboard, deux percus, un
batteur) le fils de Minta a tenu son rang. Avec manière et élégance. Soulevant
des applaudissements d’un public qui ne se privât point de reprendre maints
refrains sans toutefois pousser plus loin son exubérance. Une sagesse qui a
sans doute blessé un héros qui a pourtant tout fait pour qu’il en soit
autrement, terminant même son show de 90 minutes part un medley (It’s all right
de Ndédi Dibango et Nen Lambo de Bill Loko, deux tubes de makossa des années
80).
Une reprise qui a affiché les limites du genre makossa
sur le plan esthétique vu que ces hits d’antan, exécutés à la suite de
compositions plus enlevées et complexes, et non moins pénétrantes et
entraînantes, a affiché toute sa pauvreté. Oui ce makossa-là tel qu’il se fit
entendre ce soir du 21 décembre à Yaoundé n’est pas de ces musiques pouvant
faire décrocher la timbale. A moins qu’il ne soit travaillé par des orfèvres de
studio comme Guillaume Toto.
Mais avant ce final très dansant au demeurant, Bona et
son Mandekan Cubano, c’est le nom de l’orchestre, a fait parler la musique.
Avec le souci de ne laisser aucune note à l’abordage, revisitant des thèmes
connus et souvent aux antipodes de la salsa comme Mut’Esukudu ou Uprising of
kindness avec une application et une pureté remarquables. Que dire alors des
thèmes plus proches comme Te Dikalo, Muntula Moto, O sen sen sen ou Ekwa Muato ?
Un regard esthétique qui a frisé le nirvana tant le groupe, qui est sur les
routes depuis près de deux ans, a su trouver les ressorts dans son jeu pour
clouer le public sur son siège. Lui laissant simplement l’occasion d’apprécier,
de bien apprécier. Pour le reste, Richard aura été égal à lui-même, usant de
son fameux solo vocal qui a exhalé une composition jusque-là inconnue des
mélomanes présents. En un mot comme en mille, c’est un père noël avant l’heure
qui a enchanté le public de Yaoundé. Avant, il l’a promis, de nouvelles
retrouvailles dans cette ville où il a beaucoup d’amis et de la famille.
Parfait Tabapsi
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