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mercredi 20 février 2013

Zanzibar comme vous ne l’avez jamais connu


Littérature

 Un essai biographique retrace le parcours tumultueux mais bénéfique à la musique du talentueux guitariste.
Disons le d’entrée, c’est un véritable challenge que Joseph Fumtim et Anne Cillon Perri ont relevé avec cet essai biographique. Après coup, il faut dire qu’au vu du résultat, la tache en valait la peine. Tant le personnage de Zanzibar hante les nuits de nombres d’artistes, pas seulement les musiciens, de mélomanes et même d’historiens. Une prouesse en somme tant Zanzibar constitua de son vivant un casse-tête pour ses deux familles artistique et biologique. Il y a aussi que depuis son départ prématuré pour le royaume des morts, l’on entendait parler de Zanzibar sans qu’une somme sur son esthétique et son apport au bikutsi, rythme qu’il contribua à porter au pinacle, ne soit disponible. Et si l’on ajoute qu’à l’heure de sa gloire l’on vivait encore sous le joug du parti unique, et donc de la parole unique ou presque, l’on mesure le travail abattu par les deux auteurs que l’on n’attendait pas, il faut le dire, sur ce terrain-là.
En lisant le livre, l’on s’aperçoit que Fumtim et Perri ont effectué une quasi enquête journalistique, donnant la parole à tous ceux qui ont compté dans l’ascension de leur héros. Ont ainsi été entendu les entourages familial et professionnel de l’icône. Les archives documentaires n’ont pas été en reste, surtout pour ce qui est de la presse d’ici et d’ailleurs. Une convocation qui permet in fine d’en savoir un peu plus sur un Zanzibar dont la brièveté de l’existence aura côtoyé nombre de frustrations dont celles qui allèrent le précipiter au suicide un jour d’octobre 1988, déçu qu’il avait été de n’avoir pas été suffisamment reconnu ou encore de n’avoir pas pu prendre sa revanche sur le destin en convolant avec une bien aimée rencontrée au hasard d’une soirée en marge d’un spectacle à l’étranger. Certes les auteurs n’apportent pas de révélations sur le chapitre de la mort de l’icône, mais au moins ils convoquent un ensemble de faits pour étayer la thèse du suicide. Ce qui va relancer le débat comme eux-mêmes le font savoir à la fin.
Un travail salutaire donc qui permet de prendre la température de la montée en puissance et de l’explosion du bikutsi avec les principales figures de la situation. On sort donc très renseigné sur ce rythme que leur devancier Jean-Maurice Noah avait déjà butiné avec bonheur et que eux poursuivent dans une sorte d’écho à son travail. Fumtim et Perri dans le rendu de leur enquête à Yaoundé, Douala, Okola, Ebak et même à l’étranger dévoilent également la détermination d’un jeune qui a perdu ses parents tôt. Une détermination qu’aucun obstacle n’aura réussi à arrêter et qui aura débouché sur la rencontre de figures tutélaires à l’influence incommensurable comme Martin Messi, Ange Emérent Ebogo, Jean-Marie Ahanda et Jimi Hendrix, le «maître posthume».
Mais cet essai souffre tout de même d’un mal que l’on peut juger à l’aune du péril de la recherche des auteurs : des noms bien connus de la musique camerounaise sont écrits de plusieurs manières. Certes les pochettes d’époque ne pouvaient pas les aider, mais ceux qu’ils ont rencontrés auraient peut-être aidé à dissiper cela (Ange Ebogo Eméran, Martin Kol Mbogol notamment). L’autre point désagréable c’est cette photo de couverture qui fait de leur héros un gaucher. Des peccadilles peut-être, mais qu’il convient de rectifier si l’occasion d’une réimpression qui pourrait advenir si la tendance observable depuis l’annonce de cette sortie par le mensuel Mosaïques se confirme.

Joseph Fumtim et Anne Cillon Perri, Zanzibar Epeme Théodore, la passion Bikutsi, Yaoundé, éditions Ifrikiya, Janvier 2013, 163 pages, 5000 FCFA.

Parfait Tabapsi

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