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mardi 23 octobre 2012

Feugham célèbre Cocteau

Hommage

La compagnie basée à Bafoussam a lu et mis en scène les textes de l’auteur français le mois dernier à Yaoundé.
Lectures à la bibliothèque de l'IFC
Jean Cocteau fait partie de ces auteurs français dont on parle très souvent avec emphase sans pour autant avoir lu, ou suffisamment lu. Une sorte d’injustice que la Compagnie Feugham de Bafoussam a voulu quelque peu conjurer en mettant en espace et en lecture quelques unes des œuvres de cet auteur prolifique et artiste de génie dont l’amitié avec la chanteuse Edith Piaf a été telle qu’il a succombé d’une crise cardiaque quelques heures seulement après le décès de celle-ci. C’était le 11 octobre 1963.
Cette commémoration, c’en était bien une, a commencé à la médiathèque de l’Institut français. Où la Compagnie avait par le passé déjà lu des textes de Boris Vian ou de Jean de la Fontaine. Pour cette nouvelle rencontre avec les férus de lecture, Kouam Tawa et Wakeu Fogaing ont choisi des extraits de «La difficulté d’être». Non sans que, et pour la gouverne du public, le premier ait commencé par un texte de présentation succincte de ce touche à tout de génie qu’était Cocteau. Son compère pouvait alors continuer avec la lecture proprement dite. Qui a permis pour ceux qui n’ont pas lu Cocteau de découvrir une parole éruptive d’un auteur madré, en proie à une solitude dans une retraite de convalescence. D’où il règle quelques comptes à cette bourgeoisie prompte à n’utiliser la bouche que pour manger et dont le monde aseptisé n’est pas du goût de Cocteau.

 
Au fil des textes convoqués, l’on en apprendra également sur la conception de l’amitié par Cocteau, lui qui après avoir côtoyé la haute classe et fréquenté les salons huppés a fini par rejoindre la plèbe. Sans toutefois perdre ses amis au rang desquels un certain Picasso dont il fait l’éloge dans ses écrits. Cocteau semble aussi avoir pris conscience de son incompréhension par ses contemporains, lui qui le premier reconnaissait que sa polyvalence n’était pas pour plaider en sa faveur au moment d’attirer les faveurs du public. Toujours en écoutant Wakeu Fogaing lire Cocteau, notamment sur le chapitre de la lecture, il est apparu que souvent, le lecteur n’est pas prêt à recevoir le message de l’auteur. Lui si prompt à critiquer alors qu’il gagnerait à relire avant de lâcher son venin.

Mise en espace de 'L'école des veuves'
La 2è partie de cette commémoration allait avoir pour théâtre la salle de spectacle de l’IFC. Où la mise en scène du «Théâtre de poche» par Kouam Tawa a révélé un autre visage de Cocteau. Avec des pièces de courte durée, l’on a appris sur les combats d’un auteur ainsi que les intrigues qui sourdent dans les ménages. Rien de bien nouveau sauf peut-être la façon de les décliner qui déclenche le rire tout en faisant réfléchir. Les comédiens de la Compagnie ici ont été au rendez-vous, notamment cet Armstrong Choupo qui depuis son passage à Yaoundé dans un one man show («L’unique chose à dire», un magnifique texte de Wakeu Fogaing) avait laissé entrevoir un talent certain. Ceux qui étaient au spectacle ont sans doute remarqué qu’il gagnerait à retourner plus souvent sur les planches. Tout comme Denise Djuikom.
Des performances qui ont sonné comme une invite à relire Cocteau. Ce qui n’est pas une mince victoire pour cette compagnie qui, à l’annonce du spectacle avait soulevé chez quelque spectateur une inquiétude à pouvoir s’attaquer sans conséquence à la montagne Cocteau. C’était sans compter que redonner ses lettres de noblesse à un auteur d’envergure est chevillé à Feugham qui avait déjà rappelé le souvenir du Guinéen Williams Sassine en ce même lieu en 2011. Sans compter que depuis près de deux décades, cette compagnie basée à Bafoussam s’échine au fil des créations et des lectures à faire vivre l’art avec les moyens du bord avec à la clé une reconnaissance internationale d’un travail qui, on l’espère, finira par convaincre au Cameroun.

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