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jeudi 26 avril 2012

Jazz éclectique à Yaoundé

Musique

Le virtuose trompettiste français Collignon a réveillé les jazzophiles groggys de la capitale mercredi dernier.
Aux jazzophiles de Yaoundé, il manquait ça ! Une soirée où ils seraient entraînés sur les sentiers multiples et infinis d’une musique que l’on ne savourait à Yaoundé plus que par intermittence depuis la disparition des festivals à lui consacrés. Mercredi 18 avril, quelques semaines seulement après un concert d’un quartet camerounais nouvellement formé, l’Institut français du Cameroun (Ifc) a remis ça. Cette fois-ci avec un autre quartet venu de la France.
Et au bout de deux heures d’une performance qui a parfois frôlé le sublime, ce groupe constitué d’un contrebassiste, d’un batteur, d’un pianiste et d’un trompettiste a mouillé chemise. C’est quoi le jazz déjanté en fait ? Est-ce du jazz pop, du jazz punk, du jazz rock ? Pas question de se fendre le crâne avec ses questions. Car Médéric Collignon, artiste de l’année aux Victoires du jazz en 2010, et ses compères ont associé tout cela. En partant bien sûr des fondamentaux. C’est ainsi qu’un parfum de Miles Davis, celui du jazz électrique du début des années 70, a plané sur la soirée. Tout comme une invocation du pianiste Herbie Hancock.
Un retour qui a mieux conduit les instrumentistes vers d’autres sphères rythmiques comme la soul, le rock et même le high life. De cette soirée, on retiendra surtout la folie contagieuse de Médéric, son art de la trompette, ses jeux vocaux ainsi que sa verve improvisée, ses expérimentations vocales et électroniques. Car l’homme est capable de produire des sons insoupçonnés avec une rapide vitesse d’exécution. De sa voix, il produit des sons inimaginables, la transformant et la déformant au gré du tempo et de son humeur. Un vrai caméléon capable de rompre avec bonheur un certain iconoclasme que l’on croyait indécrottable du monde du jazz.
 «jazz déjanté»
Le rendu fût ainsi parfois bruyant. Sans que l’on ne retrouve à redire tant l’harmonie instrumentale était des plus maîtrisée. Il y eut aussi beaucoup de cadences, de ruptures, de départs en trombe ou de bifurcations inattendues. Toujours dans une bonne humeur et une concentration qui a déteint sur un public savourant jusqu’à la lie une partie enchantante à maints égards dans une fièvre du mercredi soir. Le chef de bande pour sa part a été digne de son statut. Offrant une performance individuelle qui a positivement rejailli sur l’ensemble.
Oui il y a chez cet instrumentiste polyvalent quelque chose d’Africain. Cette façon de se laisser pénétrer par le beat, de partager sa bonne humeur avec le public, de jouer à partir de postes différents comme dans un théâtre total propre au continent noir, de communiquer cette bonne humeur au reste de l’équipe, de souffler dans sa trompette avec rage et calme à la fois ont contribué à faire croire au public africain présent qu’il était l’un des leurs. Toutes choses qui ont amplifié son pouvoir artistique imaginatif et sans limites et ainsi bonifié l’ensemble des créations de la soirée. D’ailleurs, il ne s’est pas privé de revenir deux fois après le rideau pour continuer de communier avec ses nouveaux fans. Comme s’il voulait suspendre ce temps qui n’est pas si précieux que ça dans la culture africaine profonde.
Au bout, cet éclectisme musical de bon aloi a ramené au goût du jour la question de la place du jazz, musique d’Afrique par excellence à Yaoundé. Mais là est une autre histoire que l’avenir se fera l’honneur et même le devoir de rectifier. En sortant de ce «jazz déjanté», on a même oublié le bourdonnement des premières minutes du concert pour ne retenir que le jeu des instrumentistes et le voyage impossible qu’il a instillé chez des mélomanes conquis.

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