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mercredi 18 avril 2012

Douala se livre


Littérature
Dans son livre-enquête, Megopé Foondé sonde avec une certaine réussite le mystère des noms des espaces habités. Surprises au menu.
«Douala, Toponymes, histoire et culture» fait partie de ces livres que l’on lit d’un trait, mais pas une seule fois. Car la foultitude d’informations qu’il renferme vous autorise à y recourir très souvient, surtout pour qui, comme les journalistes ou les sociologues, cherche à comprendre les lames de fond qui travaillent la fronde et la défiance qui vont comme un gant à cette métropole. Car si Douala est resté dans la mémoire collective des Camerounais comme le lieu d’expression de ceux d’entre eux qui n’ont jamais rechigné à rester debouts, c’est bien qu’il doit y avoir une explication.
En lisant ce livre, remonte à la surface au fil des pages l’envahissement, c’est le cas de le dire, d’un espace qui n’était pas préparé à recevoir autant de monde. Une immigration qui a eu, ajoutée à une conjoncture qui s’y prêtait, le don de laisser les autorités municipales, administratives et politiques sur le bord du chemin. A tel point que délimiter le territoire même de cette ville cosmopolite relève aujourd’hui d’une véritable gageure. Jean Philippe Megopé Foondé n’a certainement pas tort d’ailleurs quand il affirme, à la conclusion de ce travail titanesque, que «Ecrire sur Douala, c’est comme photographier un enfant. Le temps d’un déclic, l’enfant a changé.»
Ici plus qu’ailleurs en effet, le temps est compté. Et les désignations de quartiers suivent le mouvement puisqu’il faut bien donner un nom à un espace quand des familles y prennent abri. Un travail qui mérite d’être salué. Car si l’auteur voulait assouvir une curiosité personnelle, il a commis une tache herculéenne. D’abord par la source documentaire convoquée et qui conforte sa thèse sur certaines situations «compliquées». Ensuite, il y a ce travail de terrain qui, tel que savent le faire les bons romanciers, a consisté en l’écoute des anciens. Et si au finish il reste des quiproquos sur certaines appellations, Megopé Foondé n’a pas à rougir, car c’est la preuve même que ce chantier toponymique gigantesque doit être poursuivi.
Les écrivains, les chercheurs de tous ordres, tout comme les artistes, trouveront en ce livre matière à féconder leur travail. Ce d’autant plus que d’une part la ville continue de s’étendre jusqu’aux confins d’une autre, mais aussi parce que malgré ce livre, la lisibilité de Douala continue de poser problème comme on peut le constater avec l’adressage urbain. On peut simplement regretter au bout du compte que la pédagogie que pratique l’auteur au quotidien l’ait sans doute amené à être parfois répétitif. Ce qui n’est pas bien grave pour cette bouteille à la mer qui mérite d’atterrir chez les destinataires que sont les habitants de Douala et les chercheurs et artistes. Alors pourra commencer ce travail sur notre mémoire que l’on a beau jeu de repousser à plus tard. Mais comme le dit un adage, le malheur est sur le chemin de celui qui renvoie tout à demain.
Parfait Tabapsi
 Jean Philippe Megopé Foondé, Douala, Toponymes, histoire et culture ; Yaoundé, Editions Ifrikiya, novembre 2011 262 pages

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