Concert
Le chanteur sénégalais est revenu plus fringant sur la
scène de Bercy après une parenthèse politique qui avait fait craindre le pire.
Dans une édition
précédente, il avait apparu depuis le ciel de Bercy. Pour la plus grande joie
des fans accourus en cet antre mythique du fameux «Grand bal» auquel il nous a
habitués depuis 1999. Samedi 12 octobre dernier, c’est depuis le sous-sol qu’il
a entamé son entrée. Pour une odyssée qui restera comme l’une des plus
accomplies de cet événement qui chaque année rassemble la communauté
sénégalaise de Paris et des villes plus ou moins proches.
Pour cette cuvée 2013,
Youssou Ndour et son «Super étoile» rénové n’ont pas fait dans la dentelle.
D’abord par la durée. Plus de quatre heures de musique non stop où la transe a
parfois frôlé l’apoplexie, sans toutefois déborder comme la masse nombreuse
aurait pu laisser craindre. Et si les fans s’en sont donné à cœur joie, c’est
parce que Youssou a assuré. D’abord par le répertoire de 32 titres triés sur
l’ensemble de ses succès depuis les années 90. Et même si d’aucuns ont regretté
à la fin que tel titre aurait mérité de figurer au générique du soir, il y a
que beaucoup y ont trouvé leur compte.
Pour ceux qui craignaient
que les choix politiques aient emporté dans leurs débats sans fin la voix de
l’étoile de Dakar, la prestation leur a ôté de plus d’un doute. Oui la voix de
Youssou n’a pas pris de ride. Elle semble même avoir atteint son nirvana avec
l’âge, un peu comme les grands crus made in France. L’autre élément
d’identification de cette soirée se retrouve dans les accoutrements qui ont
varié du traditionnel –une tenue de notable surgie de la mythologie
sénégalaise- au costume trois pièces en passant par des boubous modernes, signe
de toutes les traversées de ce lion inoxydable qui trace son chemin
international depuis 30 ans et le compagnonnage d’avec l’Anglais Peter Gabriel.
Il a donc chanté et chanté encore, stoppé seulement par une nuit froide qu’il
avait réussi à apprivoiser et à échauder pour le plaisir des mélomanes
émoustillés.
Sur la rythmique et les
sonorités du Youssouland, la partition fût maîtrisée ce soir-là à Bercy. Ce qui
était loin d’être une sinécure pour cette galaxie étoilée d’une vingtaine de
membres parmi lesquels au moins cinq nouveaux venus. Quatre Camerounais sur la
scène (Stéphane Obam à la basse, Alain Oyono au saxophone et clarinette, Marc Ndzana
à la batterie, et Aubin Sandio au piano) ainsi qu’un autre dans les coulisses
(Serge Maboma du groupe Macase) ont fait plus que représenter le Cameroun. Ce
d’autant plus que pour les deux premiers, l’officiant de cette messe enfiévrée
aura laissé plus d’une occasion d’exécuter des solos leur permettant de montrer
l’étendue de leurs possibilités artistiques. Ce qui a rajouté à ce rendez-vous
sénégalo-sénégalais une coloration panafricaine. Situation que les présences du
Guinéen Sékouba Bambino, de la Nigériane Ayo et du Congolais Fally Ipupa auront
illuminée d’un arc-en-ciel heureux.
Les
fans, emportés comme jamais, ont laissé libre cours à leurs envies trop
voyantes de se trémousser. Voix et danse se sont ainsi donné la main dans une
sarabande belle à admirer et qui permettait à Youssou de clamer à la face du
monde que l’Afrique avait autre chose à offrir, plus que la misère et les
guerres que les médias occidentaux ne cessent d’asséner à des spectateurs au
demeurant las de cette ritournelle qui n’en finit plus de les emballer. Cette
atmosphère ne connut qu’une pause avec trois titres reggae de l’album
‘Dakar-Kingston’ dont l’interprétation, pourtant impeccable, fit long feu. Pour
ce grand bal 2013, la messe pouvait être dite passé deux heures du matin.
Laissant sur le carreau des fans à la gueule de bois, repus et décidés à
remettre ça à la prochaine occasion. Et comme l’a lâché l’un d’eux, «Youssou
c’est l’assurance d’un bon spectacle, d’une bonne musique et d’un bon message».
Vivement le prochain Bercy.
Parfait Tabapsi à Paris
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