Concert
Danielle
Eog avait disparu des radars médiatiques, et même scéniques, depuis quelques
mois. La dernière fois d’ailleurs qu’elle avait rencontré les médias, c’était
pour parler de son premier album solo, de longs mois après un single qui
lui-même avait fait long feu. Elle était alors toute ronde de grossesse, l’air
un peu éméché, des yeux globuleux déterminés avec ce regard de guerrier qu’elle
sait invoquer dans les moments difficiles. Et puis, cette place de finaliste du
prix Découvertes Rfi est venu rappeler aux mélomanes le souvenir de cette
chanteuse dont la voix a accompagné bien d’artistes dans des univers variés.
C’est
donc dire s’il y avait de l’appréhension, si ce n’est plus, chez ceux des
mélomanes qui ont répondu à son appel vendredi 22 novembre dernier à l’IFC de
Yaoundé. Où elle avait prévu un live adossé à son opus enfin disponible,
quoique l’un de ses proches ait fait savoir que le bon master avait été
confondu à un autre de moins bonne qualité. En tout cas, le public était loin
de tout cela, lui qui voulait voir cette candidate qui avait échoué au pied du
graal et dont certains disaient avant l’entame du bien.
Malgré
le retard à l’allumage et ses rondeurs prononcées dues sans doute à la récente
maternité, Danielle a assuré. D’abord par sa voix. Unique au milieu de la
nouvelle vague de chanteuses que connaît actuellement le Cameroun. Oui Eog a
étonné par cette voix de jazzwoman qui sait tapisser des compositions osées sur
des airs exhalant la peine des mauvais jours. Ce d’autant plus que ce soir-là,
son physique rappelait étrangement celui de ces grandes voix du jazz, telle
cette Randy Crowford nouveau cru, loin de la filiforme qui éblouit l’univers
jazzistique des années 80. Eog, qui a
ajouté il y a quelques années Makedah à son patronyme, a chanté et fait savoir
que son échec aux Découvertes Rfi n’avait rien à voir avec son niveau de chant
dont la tessiture s’accommode bien à l’univers du jazz. Ce d’autant plus que
ses compositions parurent tout aussi abouties. Compositions que des
instrumentistes de renom ici ont su porter, notamment Jules Tawembé
(keyboards), Roddy Ekoa (drums), Guillaume King (guitar) et Paul (bass), avec
en guest star Serge Maboma, le bassiste et chef d’orchestre du groupe Macase
dont on attend impatiemment l’album de «la nouvelle écriture».
Le
public connaisseur a apprécié, avant de se ruer à la sortie sur les albums en
vente que l’hôte du jour s’est empressée de signer, son éternel sourire aux
lèvres. Elle qui en quelque 13 ans de carrière a souvent su composer avec des
univers souvent dichotomiques à première vue et qui foisonnent dans l’espace
urbain. Elle dont la générosité artistique a souvent fait mouche –pour cette
soirée, elle fit recours à un slameur qui ouvrit et referma le concert d’une
prestation vocale remarquée. Elle à qui beaucoup souhaitent une carrière aussi
longue que son bras. Une Eog que l’on peut désormais appeler Makedah, la reine
du chant jazz de la nouvelle génération.
P.T
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