Lors de la présentation du projet aux patrons camerounais. |
Le concepteur du
«Kiro’o Tales» explique ici les enjeux de son projet de jeu vidéo et fait le
point sur son évolution.
En quoi consiste le
projet Kiro et quel en est la justification ?
Ce
projet se décline en 3 axes principaux : créer un genre Kiro’o Tales qui est une méthodologie narrative,
visuelle et sonore. Et qui sera la signature des œuvres multimédia (jeux,
livres, films, etc.) africaine pour valoriser nos cultures. Nous reprenons avec
nos outils la même logique que le Japon quand il a inventé «Mangas» ou les
Américains quand ils ont inventé le Comics par exemple. Le 2è axe concerne l’ouverture d’un studio Kiro’o Games, le premier
studio professionnel de jeu vidéo au Cameroun. Pour réaliser des jeux vendus
par internet aux USA, en Europe et en Afrique. Nos jeux seront pour la plupart
justement créés avec la méthodologie «Kiro’o Tales». La création des jeux vidéo de qualité internationale, tel qu’AURION, est
le 3è axe. Notre premier projet de jeu professionnel qui devrait
sortir en mi 2014 normalement.
Très bien. Et le
contexte alors ?
Le
projet repose à ce niveau sur trois éléments : d’abord par rapport à un vide
sur le plan socio culturel : les jeunes africains, ne lisent pas
beaucoup hélas, et nous n’avons pas réussi à créer un bon système de
transmission orale de masse de nos traditions, au cours de notre urbanisation.
Par contre vu qu’ils jouent tous, ce serait magnifique de leur transmettre les
valeurs et des modèles auxquels s’identifier à travers les jeux vidéo et les
personnages virtuels. De plus, l’Afrique ne compte presqu’aucune représentation
dans le média du jeu vidéo qui est aujourd’hui devant le cinéma en terme de
loisir contemporain. Il y a ensuite un vide dans l’industrie du jeu
vidéo. Le monde du jeu vidéo vit une grosse crise de créativité, les
sources d’inspirations générales (mythologie et thématique occidentales ou
orientales) sont surexploitées depuis plus de 20 ans, ce qui lasse les joueurs.
Alors que la richesse culturelle de l’Afrique reste un terrain vierge qui peut
relancer le secteur vers de nouveaux horizons créatifs si elle est bien mise en
forme. Cela aboutit dans un 3è temps à une opportunité économique. Les
coûts de production sont très élevés pour un studio à l’étranger (4 ou 5
millions de dollars pour un jeu moyen), alors que ce budget serait divisé par
quatre pour une équipe camerounaise très bien payée localement. Les jeux se
vendent aussi par Internet aujourd’hui, ce qui a abattu la frontière
industrielle de production, nous sommes donc au bon moment pour nous lancer.
Etant donné le
retard technologique du Cameroun, comment pensez-vous arriver à vos fins et
mettre sur le marché, à échéance prévue, le jeu?
Réaliser
un jeu vidéo de l’envergure de «AURION» exige un matériel informatique grand
public. Le Cameroun a à cet effet tout ce qu’il faut à son actif avec les
facilités douanières d’importations pour le matériel informatique, ou même
l’accès à la fibre optique et l’électricité domestique qui a bénéficié de la
centrale à gaz de Kribi dernièrement. Donc d’un point de vue technologique tous
les voyants sont au vert. L’essentiel du travail est surtout concentré sur le
travail humain, ce qui demande du talent et beaucoup de compétences diverses.
Notre équipe triée sur le volet réunit toutes ces compétences.
Vous avez opté pour
la valorisation du patrimoine culturel africain. N'est-ce pas là un frein ou un
obstacle dans votre volonté d'irradier sur le monde entier?
Au
contraire, c’est même justement parce que nous avons choisi cet axe que le
monde nous regarde en étant curieux. Si nous nous étions contentés par exemple
de faire des «jeux de ninja» avec juste des noirs, pour ne prendre que cet
exemple là, ça n’aurait eu aucun intérêt pour les joueurs. Notre position nous
rend visible, mais nous n’aurons droit qu’à une chance pour créer le buzz avec
un produit de qualité exceptionnelle.
Lors de la présentation publique à Yaoundé. |
La structure
générale du projet comprend trois strates. De façon objective, laquelle
précédera les deux autres et pourquoi?
Le
livre expliquant le «KIRO’O TALES» est prioritaire dans cette phase, et devra
sortir au premier trimestre 2014. Nous souhaitons réaliser le premier jeu
«AURION» en même temps, même si lui il sort en milieu 2014 afin de montrer un
élément palpable de cette méthodologie pour en renforcer l’intérêt.
S'agissant de la
stratégie, vous comptez mettre sur le marché le premier jeu dans trois ans. En
quoi ce délai est-il raisonnable?
Non.
En fait nous sortirons trois versions du jeu AURION durant les trois prochaines
années : «AURION 1.0», prévu pour mi-2014 et qui sera un jeu fait en 2D
Haute définition racontant l’histoire de l’exil du héros. Suivra «AURION 1.5»
qui est une version de meilleure envergure du 1.0 (passage en 3D) prévue pour
mi-2016. «AURION 2.0» enfin qui est la conclusion de notre scénario et qui
sortira en mi-2017. Les délais sont raisonnables car nous avons pris en compte
les durées moyennes de développements pour chaque type de jeu, et nous avons
ajouté des marges de sécurité (4 à 5 mois) pour renforcer la qualité du
produit. Le tout en nous calant sur le calendrier de la concurrence pour ne pas
sortir en même temps que les super productions et être noyé par leur publicité.
A ce jour, de
quelles ressources disposez-vous et que vous reste-t-il à couvrir pour être
dans les délais?
L’équipe
du studio est prête, et nous avons commencé à travailler sur le projet dans les
locaux de MADIA pour prendre une avance technique sur le chronogramme. Notre
maquette actuelle contient aussi une énorme partie du travail de conception et
de programmation. Il nous reste donc à devoir «juste» reconvertir avec de
meilleurs graphismes maintenant.
Le coût global du
projet s'élève à près de 13 millions de CFA. Vous escomptez aussi bien les
dons, le mécénat que les subventions. A ce jour, peut-on avoir une idée du
niveau de ce budget prévisionnel ainsi que la stratégie devant vous permettre
de boucler ledit budget?
Le
cout du projet du livre est à 12 millions environ pour les recherches. Nous
avons déposé des demandes de subventions à cet effet et attendons les retours.
Le budget du projet de studio est beaucoup plus grand, et nous avons exposé au
GICAM (le Groupement Interpatronal du Cameroun, Ndlr) l’opportunité
d’investissement, car nous vendons des parts du studio qui offriraient des
possibilités de doubler, voire même tripler l’investissement. Plusieurs
investisseurs et groupes d’investisseurs nationaux et internationaux sont
intéressés et nous sommes en négociation avec eux.
Propos recueillis
par Parfait Tabapsi
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