Théâtre
L’un des buts du théâtre à
coup sûr, et on a tendance de plus en plus à l’oublier, c’est d’assurer la
fonction cathartique. De permettre au public, à travers une proposition digeste,
de prendre conscience de la vanité de son existence et d’en trouver le moyen de
la rendre plus joyeuse, moins stressante, plus intéressante. Avec La
consultation, le metteur en scène béninois, qui connaît bien le Cameroun et son
théâtre par ailleurs, a donné le ton du festival Scènes d’ébène d’Afrique
centrale qui ouvrait ses portes samedi dernier avec un numéro tout aussi
appréciable du Camerounais Junior Esseba qui avait mis en scène un texte
interpellateur du centrafricain Etienne Goyémidé.
Le prétexte de la
catharsis proposé au public de l’IFC de Yaoundé ce lundi 3 juin n’était autre
que le dialogue entre patient et médecin dans le cabinet d’icelui. Prétexte
parce que cette consultation fournira l’occasion de supputer et finalement de
diagnostiquer notre rapport à l’existence. Cela en recourant à une comédie
tranchante et délirante qu’a su si bien rendre les deux protagonistes qui
auront promené le public dans les méandres de la vanité et de la sottise
humaine. Alors on a ri, et bien ri d’ailleurs. Au point qu’à la fin, on pouvait
s’entendre dire de son for intérieur «pourquoi pardi avons-nous tant ri là où nous
devions plutôt plaindre notre sort ?». Ont ainsi été décortiqué nos
rapports à nos semblables, aux technologies de l’information et de la
communication ; notre art de sublimation de nous-mêmes ou encore la
question de la confiance en soi.
Oui, avec un jeu sans
fioriture, signe d’une direction d’acteur à toute épreuve, et dans un décor
dépouillé, Yémadjé a donné toute sa force au texte de Daniel Defilipi. Une
simplicité dans la mise en scène qui nous a ramené aux fondamentaux du théâtre –quand
il se jouait encore en plein air- pour un festival qui en avait besoin dès le
premier soir vu qu’il a décidé lui aussi de revenir pour cette 9è édition aux
bonnes recettes initiales qui en son temps faisait courir les foules. Il ne
reste plus qu’à espérer que les soirées prochaines seront du même acabit.
Yémadjé pour sa part a ouvert la voie et sera sur les planches samedi prochain
avec une autre grande dame de la scène Florisse Adjan... qui n’a pas boudé son
plaisir lors de la représentation d’hier.
Parfait
Tabapsi
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire