carnet de route
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Au centre de presse au QG du MASA. |
Le MASA 2014 a-t-il eu les yeux plus
gros que le ventre ? Dans cette question se retrouve sans doute la raison
pour laquelle l’organisation a du mal à donner de sa pleine mesure. Hier au QG
du festival, le chef d’orchestre de cette 8è salve, Yacouba Konaté, a donné une
conférence de presse au cours de laquelle, j’ai été pour le moins étonné.
D’entrée, il a fait savoir que l’heure et la date de ce rendez-vous médiatique
lui avaient été communiquées seulement le matin même. Et encore, il avait été
informé qu’il rencontrerait seulement les journalistes européens. A lui de
répondre qu’il n’en était pas question, vu que d’autres nationalités
médiatiques étaient présentes. C’est alors que le rendez-vous prévu à 11h a
pris un peu plus deux heures de retard.
Avec une faconde qui n’est pas sans
rappeler que M. Konaté est prof d’université, le patron du MASA a semblé maître
de son événement, trouvant des explications aux premiers couacs survenus dès
l’entame et qui continuent allègrement, tels des boutons d’acné sur un visage
juvénile, de s’immiscer dans l’organisation. Des excuses, il en a trouvé dans
le redémarrage difficile d’un événement à l’arrêt depuis sept ans. «Nous sommes
dans la posture de quelqu’un qui tente de faire avancer une voiture qui a été
stationnée pendant longtemps», a-t-il plaidé avant d’ajouter que «arriver déjà
à faire cette édition était le premier défi à relever». Mais pourquoi
fallait-il pardi commencer fort là où une petite foulée aurait suffi avant un
grand retour dans deux ans ? En tout cas, beaucoup de confrères
non-ivoiriens se sont posé cette question simple.
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Lors de la conférence de presse. |
D’autres arguments versés au dossier
par M. Konaté, s’ils ont eu le mérite de la vérité, n’ont pas convaincu. Ils
m’ont plutôt conforté dans l’idée que cette 8è avait d’abord une raison
politique pour un gouvernement que nombre d’Ivoiriens, ce n’est pas nouveau, ne
portent pas dans leur cœur. D’où la forte charge politique qui sous-tend la
tenue du MASA 2014 et qui ne facilite pas la participation populaire escomptée.
Surtout que de l’aveu même de son patron, au moins une année aurait été
nécessaire pour le préparer, surtout si l’on prend en compte qu’une certaine
«faim de fête» plane sur les bords de la lagune. Avec plus de temps, il pense
qu’il aurait pu régler les problèmes de retards de vol, de cachets
conséquents ; de trouver le moyen d’attirer plus de publics pour la danse
et le théâtre, etc.
Entre 11 et 13h, je me suis promené
dans le quartier du siège du MASA. Où j’ai échangé avec certains riverains. J’y
ai constaté que la joie de vivre n’était pas au rendez-vous, que les visages
étaient encore fermés pour la plupart, que le ciel belliqueux n’avait pas encore
cédé place au ciel pacifique et ensoleillé. J’en ai déduit, conclusion
provisoire certes, que les dieux de la guerre n’étaient pas suffisamment
éloignés et que le qui-vive était de rigueur.
J’ai enfin pu mettre un visage sur le
nom de Chantal Nabalema, la préposée à la com de d’un événement qui semble lui
échapper. Avec qui je n’ai pas beaucoup échangé malheureusement. Elle m’a juste
remis deux tickets resto, précieux sésame pour l’invité que je suis, avant de
me promettre un kit presse qui a décidément le don de se faire désirer. Et j’ai
rempli une fiche de réclamation que je lui ai remise par l’entremise de
Francesca Mbaye, la consoeur sénégalaise qui, devant l’inefficacité de
l’organisation dont souffre les médias, a repris les choses en main. Nous
sommes ensuite partis nous restaurer au village du festival. Où j’ai croisé mon
compatriote Ambroise Mbia, le président des Rencontres théâtrales
internationales de Yaoundé (RETIC) qui m’a dit animer un atelier dans le cadre
du MASA où son expertise est souvent convoquée depuis ses débuts.
J’y ai recroisé elvis Bvouma
(administrateur), Simon Abé (danseur) et Giscard Téné (technicien) de la
compagnie Simon Abé ; les humoristes Abouna Guanzong et Fils Basseck
(compagnie Noctiluk) qui m’ont invité à leur spectacle à 17h30. La compagnie de
Guilili devant quant à elle jouer à 19h au CCF. Avant la prestation du chanteur
Blick Bassy plus tard sur la scène de l’espace lagunaire du Palais de la
culture.
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Blick on stage. |
Et
du plaisir
Je suis rentré à l’hôtel me reposer en
espérant pouvoir tenir au moins deux engagements. Sauf qu’à mon réveil 90 min
plus loin, le car des journalistes n’était pas disponible. La vache ! Je
ne suis finalement arrivé au village du festival que quelques minutes avant le
passage de Blick. Manquant ainsi les autres spectacles de mes compatriotes.
Pour ce qui est de la soirée, mon coup de cœur est allé au groupe de papys
malien Super Bitton qui m’ont rappelé un autre groupe de papys, mais sénégalais
celui-là : Orchestra Baobab ! Composé de trois chanteurs, deux
guitaristes, un bassiste, un batteur et un percussionniste, le groupe m’a
émerveillé avec des compositions salsériques et un jeu épuré. Dommage qu’ils
n’aient pas eu plus de temps. Blick quant à lui a défendu avec courage le
Cameroun, et ce même si personnellement je n’apprécie pas son registre. Je
pensais que la scène m’aiderait à changer d’avis, mais ce ne fût guère le cas.
La faute peut-être à ces synthés convoqués pour remplacer basse et chœurs. Je
lui ai tout de même fait une interview pour mesurer la suite de son histoire
artistique.
Le Guinéen Petit Kandia, que j’avais
croisé à Yaoundé en marge du SIMA 2013 a fait, lui, forte impression avec ses
compositions très festives. Le public a salué son passage de la plus belle des
manières en se laissant aller au chant et à la danse. Nous sommes retournés à
l’hôtel dans les coups de minuit.
A demain !
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