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lundi 10 février 2025

Jazz éclectique à Yaoundé

Musique

Le virtuose trompettiste français Collignon a réveillé les jazzophiles groggys de la capitale mercredi dernier.
Aux jazzophiles de Yaoundé, il manquait ça ! Une soirée où ils seraient entraînés sur les sentiers multiples et infinis d’une musique que l’on ne savourait à Yaoundé plus que par intermittence depuis la disparition des festivals à lui consacrés. Mercredi 18 avril 2012, quelques semaines seulement après un concert d’un quartet camerounais nouvellement formé (Xikus Quartet), l’Institut français du Cameroun (Ifc) a remis ça. Cette fois-ci avec un autre quartet venu de la France.
Et au bout de deux heures d’une performance qui a parfois frôlé le sublime, ce groupe constitué d’un contrebassiste, d’un batteur, d’un pianiste et d’un trompettiste a mouillé chemise. C’est quoi le jazz déjanté en fait ? Est-ce du jazz pop, du jazz punk, du jazz rock ? Pas question de se fendre le crâne avec ses questions. Car Médéric Collignon, artiste de l’année aux Victoires du jazz en 2010, et ses compères ont associé tout cela. En partant bien sûr des fondamentaux. C’est ainsi qu’un parfum de Miles Davis, celui du jazz électrique du début des années 70, a plané sur la soirée. Tout comme une invocation du pianiste Herbie Hancock.
Un retour qui a mieux conduit les instrumentistes vers d’autres sphères rythmiques comme la soul, le rock et même le high life. De cette soirée, on retiendra surtout la folie contagieuse de Médéric, son art de la trompette, ses jeux vocaux ainsi que sa verve improvisée, ses expérimentations vocales et électroniques. Car l’homme est capable de produire des sons insoupçonnés avec une rapide vitesse d’exécution. De sa voix, il produit des sons inimaginables, la transformant et la déformant au gré du tempo et de son humeur. Un vrai caméléon capable de rompre avec bonheur un certain iconoclasme que l’on croyait indécrottable du monde du jazz.
Le rendu fût ainsi parfois bruyant. Sans que l’on ne retrouve à redire tant l’harmonie instrumentale était des plus maîtrisé. Il y eut aussi beaucoup de cadences, de ruptures, de départs en trombe ou de bifurcations inattendues. Toujours dans une bonne humeur et une concentration qui a déteint sur un public savourant jusqu’à la lie une partie enchantante à maints égards dans une fièvre du mercredi soir. Le chef de bande pour sa part a été digne de son statut. Offrant une performance individuelle qui a positivement rejailli sur l’ensemble.
Oui il y a chez cet instrumentiste polyvalent quelque chose d’Africain. Cette façon de se laisser pénétrer par le beat, de partager sa bonne humeur avec le public, de jouer à partir de postes différents comme dans un théâtre total propre au continent noir, de communiquer cette bonne humeur au reste de l’équipe, de souffler dans sa trompette avec rage et calme à la fois ont contribué à faire croire au public africain présent qu’il était l’un des leurs. Toutes choses qui ont amplifié son pouvoir artistique imaginatif et sans limites et ainsi bonifié l’ensemble des créations de la soirée. D’ailleurs, il ne s’est pas privé de revenir deux fois après le rideau pour continuer de communier avec ses nouveaux fans. Comme s’il voulait suspendre ce temps qui n’est pas si précieux que ça dans la culture africaine profonde.
Au bout, cet éclectisme musical de bon aloi a ramené au goût du jour la question de la place du jazz, musique d’Afrique par excellence, à Yaoundé. Mais là est une autre histoire que l’avenir se fera l’honneur et même le devoir de rectifier. En sortant de ce «jazz déjanté», on a même oublié le bourdonnement des premières minutes du concert pour ne retenir que le jeu des instrumentistes et le voyage impossible qu’il a instillé chez des mélomanes conquis.

Jospin par lui-même


Littérature
Face à deux confrères, l’ancien Premier ministre relate son parcours politique sans animosité, mais avec acrimonie, guidé par le service de l’Etat.
Ce livre entretien c’est avant tout une incursion dans la méthode Jospin de la gestion publique en France. Une méthode qui n’est pas loin des valeurs inculquées à l’ancien Premier ministre par son père, prof de lettres, et sa mère, sage-femme.  Des parents qui bien que de sensibilité de gauche étaient «attachés à la liberté de penser» et «formaient leurs jugements eux-mêmes». L’homme a ainsi grandi «dans un milieu ouvert, libre, mais articulé autour de valeurs éthiques.» Toutes choses qui allaient le prédisposer à la bonne gestion des affaires publiques ? Sans doute. Mais qui auront été déterminant pour le jeune fonctionnaire du ministre des Affaires étrangères qui s’engage en politique grâce à des rencontres. Il y eut d’abord celle d’avec l’Allemand Boris Fraenkel installé en France dans les années 60. En cette période où «Les socialistes de la SFIO sont décrédibilisés par la guerre d’Algérie, et le PSU (qui) ne perce pas politiquement», le jeune homme s’initie auprès de cet introducteur de Marcuse en France et dévoreur de livres au trotskisme où «le cosmopolitisme européen» figure en bonne place. Trotski lui apparaît alors comme un homme de grande culture, ouvert sur le monde, ayant des liens multiples avec les intellectuels et les artistes.
L’autre rencontre est celle d’avec François Mitterrand après son adhésion au parti socialiste en juin 1971 au lendemain du fameux congrès d’Epinay. Il voit dans cette adhésion le moyen de concilier ses convictions d’homme de gauche et sa formation pratique. Commence alors une ascension qui, sans être fulgurante n’en est pas moins particulière. Au fil de son récit, l’on sent un Jospin tout dédié au parti et à la politique qu’il pratique désormais même en se rasant comme dirait son nouveau mentor. Un lien presqu’intime se tisse entre les deux au fil des ans et des victoires. C’est ainsi que deux ans après son adhésion, il devient secrétaire national à la formation du parti. Après quelques autres responsabilités de premier plan, il devient numéro 2 puis Premier secrétaire après la présidentielle de 1981 et le départ de Mitterrand pour l’Elysée.
Le septennat qui suivra va lui permettre de s’affirmer auprès des siens par son sens du travail bien fait, de la bravoure et du courage. Derrière l’ombre de son mentor, il parvient à se faire une place, fut-ce au prix de certains désaccords avec le président. Des années qui, racontées par lui, permettent de se rendre compte qu’il est devenu une forte tête qui, malgré la discipline du parti, n’hésite pas à imposer sa donne. C’est ainsi qu’il décidera au grand étonnement de beaucoup d’abandonner le parti pour aller au cours du 2è septennat de Mitterrand s’occuper du ministère de l’Education nationale. Où il aura l’occasion d’impulser des réformes et de mettre en pratique ce qu’il dessinait déjà dans les années 70.
Comme souvent pour ce type de personnalité publique, certains choix s’imposeront en quelque sorte à lui. C’est le cas avec sa candidature à la présidentielle de 1995 alors qu’il n’est plus dans le directoire du parti ; ou encore cette dissolution de 1997 qui lui ouvre la voie de Matignon pour cinq années qui ont marqué l’histoire récente de la France. Même l’échec au premier tour en 2002 restera aussi comme quelque chose d’imposé par la destinée. Trahi par une gauche qui refuse de s’unir derrière lui alors qu’il a un bon bilan à défendre. Il prend donc sa retraite politique à une marche du sacre. De ce retrait beaucoup sera dit, mais pour Jospin, il était alors question de prendre ses responsabilités et de «réintroduire la gravité» dans «l’inconséquence de la gauche dans cette élection». Au bout du parcours, il estime avoir «trois motifs de satisfaction : avoir agi selon les convictions et sans cynisme ; s’être efforcé de servir l’intérêt général ; se sentir, non pas apprécié par tous, mais aimé de certains et respecté par beaucoup.» Et si c’était cela q
ui l’avait empêché d’atteindre, finalement, le graal de l’Elysée ?
Lionel raconte Jospin, entretien avec Pierre Favier et Patrick Rotman, Paris, Seuil, Janvier 2010, 272 pages.

Ambroise Kom :Je suis un citoyen libre de sa parole



Interview littérature

Ambroise Kom
Après une quinzaine d’années de va-et-vient entre le Cameroun et l’étranger, l’un de nos plus valeureux chercheurs et critique littéraire est rentré au bercail il y a quelques semaines. Avec sous le bras un énième recueil de ses textes d’analyses des œuvres africaines produites localement ou en diaspora (Le devoir d'indignation, Présence Africaine). Occasion pour nous de lui rendre une petite visite et d’avoir une conversation à bâtons rompus sur nombre de sujets concernant la vie littéraire et critique en ce moment où l’on a en mémoire le fameux colloque de Yaoundé organisé en avril 1973 sous la houlette de l’un de ses mentors Thomas Méloné. Et comme à son habitude, il n’a fui aucune question, répondant avec la même verve qu’on lui connaît, lui qui par ailleurs est l’un des piliers du projet de l’Université des Montagnes de Bagangté dans le cadre de l’Association pour le développement de l’éducation (AED).

Entretien avec Parfait tabapsi

En lisant le titre de votre dernier ouvrage, on a comme l’impression qu’une certaine urgence a présidé à sa préparation et à sa publication, ce d’autant plus que les manifestations des «indignés» enrayaient la planète entière. Est-ce bien cela ?
Il me semble qu’une indignation peut en cacher une autre. Vous faites sans doute allusion à Stéphane Hessel dans votre référence aux manifestations des indignés qui enrayaient la planète entière. Le génie des grands esprits comme Hessel est de trouver le mot juste ou la formule idoine pour résumer une situation qui prévaut à un moment donné de l’histoire. C’est ce qu’on a connu par exemple avec Frantz Fanon lorsqu’il publie Les Damnés de la terre. Contrairement à ce que vous suggérez, mon ouvrage n’est nullement le fruit de quelque urgence. Il s’agit essentiellement, comme vous l’avez vu, d’une collection d’essais produits au cours des 20/25 dernières années de ma carrière. Et ici, l’indignation renvoie davantage à Yambo Ouologuem puisque le devoir d’indignation «subliminalise» le devoir de violence. L’indignation ayant présidé à ma démarche intellectuelle, il m’a semblé que le devoir d’indignation résumait assez bien le contenu de l’ouvrage. J’avais d’abord proposé «En attendant le messie…» comme titre mais l’éditeur a trouvé cela un peu trop provocateur !

Parlant de Frantz Fanon justement, il a dit dans Les damnés de la terre que la mission de l’écrivain africain c’est de «secouer le peuple (…) de se transformer en réveilleur du peuple», cela par la production d’une «littérature de combat, une littérature révolutionnaire». Vous situez-vous dans cette perspective fanonienne en écrivant ou avez-vous d’autres motivations ?
Par certains côtés, je suis effectivement un disciple de Fanon mais je ne saurais prétendre me situer au même niveau que l’illustre analyste de la condition du dominé. Nous avons hérité de Fanon des concepts pertinents pour décrypter notre réel et c’est ce que j’ai essayé modestement d’exploiter. Nous ne devons pas nous fatiguer de lire et de relire Fanon dont l’œuvre n’a point de rides.
A vous lire, l’on voit bien que la méthodologie critique que vous convoquez pour analyser les écrits des auteurs africains et de la diaspora sortent des sentiers de l’orthodoxie académique occidentale. Quelle en est la justification ?
Je ne sais pas ce que vous entendez par «orthodoxie académique occidentale». J’ai toujours été - et je demeure - un critique africain des productions culturelles des peuples noirs d’ici ou d’ailleurs. Pour y parvenir je recours aux concepts les plus opérationnels qu’ils aient été élaborés par des Asiatiques, des «Occidentaux» ou des Africains. Je ne me suis jamais refugié derrière des frontières par choix idéologique. Partout où je trouvais des sources fécondantes, je m’y abreuvais. Et il vous appartient de juger du résultat qui se trouve en partie dans cet ouvrage.

Votre «subalternité consciente» vous range dans ces études postcoloniales qui pour d’aucuns –à l’instar de Jean-François Bayart- constituent une sorte de «carnaval académique» de mauvais aloi. Quels arguments leur brandissez-vous ?
Je n’ai pas d’arguments particuliers à opposer à qui que ce soit pour affirmer ma subalternité. Je la démontre. J’ai cité Jean-François Bayart en passant parce que j’avais trouvé sa formule un peu curieuse. Mais en fait, la thèse de Bayart est assez simple puisqu’il prétend essentiellement que les théoriciens de l’Hexagone ont aussi étudié la condition du subalterne bien avant les Asiatiques et autres universitaires américains. Et donc qu’il n’y a rien de neuf dans ce concept. C’est son avis et ce n’est pas le mien. Je considère qu’au-delà de la contribution des théoriciens français que cite Bayart, des critiques d’autres horizons tels que Spivak, Said, Bhabha, Fanon, etc. ont contribué de manière significative à construire l’identité du subalterne.
  
L’exil et la diaspora africaine irradient vos écrits. De quel poids ces deux thématiques pèsent-elles dans la pensée africaine actuelle ?
Je n’invente ni l’exil ni la diaspora. Il s’agit d’une réalité qui impacte la vie africaine contemporaine. La littérature ou plutôt la culture africaine produite en exil par la diaspora africaine est de loin supérieure à la production qu’on trouve sur le continent, surtout en pays francophone. La qualité de l’expertise africaine de la diaspora est de loin meilleure que la continentale. Depuis la fin des années 1980, la diaspora africaine en Europe et en Amérique du Nord est d’une importance qu’il faut être sourd et aveugle pour ne pas en tenir compte. Et cela se voit dans le domaine culturel et économique. Comment oublier qu’au cours des 15 dernières années je vivais à cheval sur l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord puisque j’enseignais aussi bien au Cameroun qu’aux USA en transitant constamment par l’Europe où je faisais pas mal de rencontres avec la diaspora dans mon effort de promouvoir l’Université des Montagnes (UdM) ? La diaspora camerounaise apporte une contribution importante à l’UdM et j’ai dispensé plusieurs enseignements sur l’exil en général et sur la diaspora africaine en particulier. Il s’agit d’une problématique très riche dans le travail que je fais aussi bien dans l’enseignement que dans la construction de l’UdM.

Université de Yaoundé : sous les braises, la plume

Littérature

Les années de braise. Voilà une expression quelque peu éculée chez nous. Et qui renvoie en ces années cruciales dans le combat pour la liberté au lendemain du vent d’Est. Années dont le souvenir hante encore bien des esprits d’ici et qui sont loin d’avoir dévoilé tout le torrent d’angoisses, de labeur, de peine, d’effroi et parfois de tragédies qu’elles ont causé chez nombre de Camerounais. Camerounais qui au demeurant ont payé un lourd tribut durant ce qui apparaît deux décennies plus loin comme la lutte pour une seconde (et dernière ?) indépendance. Jusqu’à récemment, ces années étaient évoquées sous deux prismes essentiellement : les témoignages et le récit fictionnel. Pour le premier cas, il n’y a qu’à se remémorer par exemple «Mes patrons à dorer» du journaliste et ancien étudiant Se’nkwe P. Modo (Yaoundé, Masseu, septembre 2006, 306 pages) ; «Le journalisme du carton rouge, Réflexions & chronologie des années orageuses» du journaliste Edmond Kamguia Koumchou (Yaoundé, L’étincelle d’Afrique, juin 2003, 324 pages) ; ou encore «Education et démocratie en Afrique, Le temps des illusions» (Paris, L’Harmattan et les éditions du CRAC, 1996, 292 pages), recueil d’articles du chercheur en littératures africaines et africaines américaines Ambroise Kom. Pour le second prisme, on peut évoquer le magnifique roman de François Nkémé, «Le cimetière des bacheliers» (Yaoundé, Ifrikiya, 2010 pour la 3è édition). Des écrits qui ont permis en leur temps d’avoir un aperçu des «événements de l’université» comme aimaient à le raconter des témoins, avec souvent une dimension fantasmagorique, voire tronquée.
On en était là jusqu’à ce que les Editions Terroirs du Pr Fabien Eboussi Boulaga nous proposent ces Mémoires des années de braise. La grève estudiantine de 1991 expliquée. Un ouvrage tant annoncé qu’on avait fini par désespérer de sa sortie. Finalement, il est arrivé, avec en prime deux versions (française et anglaise)... en une. Pour le plus grand bonheur des chercheurs sur la question et des Camerounais ordinaires, avides de savoir «ce qui s’était passé» sur le campus de Ngoa Ekellé, l'unique université du Cameroun d'alors, dans les années 1991, 92 et 93. Années de contestation forte. Où la parole longtemps contenue par la force du parti unique et l’absence de démocratie avait fini par se libérer pour porter aux nues les aspirations d’une population estudiantine qui vraisemblablement n’en pouvait plus.
En présentant de manière exhaustive les textes qui structurèrent les revendications de ses camarades, Cilas Kemedjio a sans doute fait œuvre utile. Non seulement pour le souvenir, mais également pour indiquer que le temple du savoir que constitue l’université n’est guère un lieu de conformisme, encore moins de l’acquiescement à tout va. Un lieu où la réflexion, du fait des franchises universitaires, ne doit souffrir d’aucune caporalisation. En lisant la somme, l’on est frappé par la capacité d’analyse des «parlementaires de la plume» au double plan des contenus et de la forme. Parfois, les pamphlets sont si virulents avec l’establishment que l’on se demande quel était le ressort qui travaillait les méninges dans les chambres des cités universitaires où la débrouillardise avait, comme aujourd’hui encore, tous ses droits. L’auteur fait simplement savoir que la volonté de l’époque était de graver ce qui se passait dans le marbre de l’écriture qui seule peut survoler le temps et les époques. Ce d’autant plus que les grèves précédentes souffriront ad vitam aeternam de ce manque de consignation écrite.
Par ailleurs, le livre présente en filigrane l’engagement de ceux-là qui, à un moment donné, ont souffert du délit d’être étudiant, ont subi les pires humiliations (que l’on se souvienne de l’étudiante Ange Guiadem Tekam promenée toute nue sur le campus) ainsi que des disparitions inexpliqués, voire provoquées et des morts (Collins Djeungoué Kamga et beaucoup d’autres anonymes). Toutes choses qui, ajoutées à la répression du pouvoir en place tentant de contenir la grève ont jeté de l’huile sur un feu qui n’avait que trop rongé son frein depuis quelques années et qui ne se fit point prier pour embraser le campus et les environs. On vit ainsi, à en croire les écrits, une chasse à l’homme avec battue comme si l’on traquait des bêtes sauvages ou des gangsters.
Avec cette présentation de textes accompagnée de discours d’escorte et d’annotations, bref ce tableau analytique, on en apprend sur la période. Sans toutefois voir sa soif étanchée, car les annotations justement ouvrent la voie pour en savoir plus sur ce pugilat verbal qui structura ces années déterminantes de l’université camerounaise dans sa quête d’existence. Il est donc à espérer que les parlementaires de la plume ne s’arrêteront pas en si bon chemin et offriront à l’avenir une étude plus détaillé de la bataille des logos que surent si bien entretenir les médias de l’époque. Mais peut-être que cette noble tâche pourrait intéresser d’autres chercheurs en sciences sociales. Ce qui constituera un bon prolongement à un travail entamé naguère dans des revues de renom comme Peuples noirs-peuples africains, Politique africaine ou Le Monde diplomatique par des chercheurs camerounais et étrangers sur l’une des problématiques les plus pertinentes du siècle passé au Cameroun.

Cilas Kemedjio (Introduction, annotations, analyses), Mémoires des années de grève. La grève estudiantine de 1991 expliquée, Yaoundé, Editions Terroirs, juin 2013, 352 pages.